De plus en plus souvent, depuis quelques années, quelques décennies peut être, ils sont élevés hors sol. De ce fait, ils se trouvent un peu déconnectés des réalités du terrain, enfermés qu’ils sont dans leur stabulation. Ainsi ils « profitent » au mieux de ce qui leur est fourni pour les nourrir et, se reproduisant entre eux, sont livrés à « l’ivresse des cimes », même si, en fait, ils ne goûtent guère à la diversité du monde.
Je m’aperçois que je n’ai pas encore dit à quel animal je fais allusion. Non, il ne s’agit pas de vaches, cochons ou couvées, mais de… l’animal politique.
Chacun a pu le constater, l’homme politique est formaté à un point tel que l’on croirait parfois un produit standard qui a vocation à inonder le marché ! Tout est codifié, les « éléments de langage » sont bien cadrés pour une communication irréprochable, la façon de s’exprimer permet souvent d’identifier le parti par le vocabulaire, les mots ou les phrases employés, les attitudes, voire le costume…
Si l’on parle ici des politiques de niveau national, il faut bien reconnaître que la plupart sont des « professionnels », qui n’ont jamais exercé un vrai métier. Issus de l’ENA ou de Science po’, pour beaucoup, ils passent ensuite par les mêmes parcours d’assistant parlementaire, de membre de cabinet ministériel, puis de ministre, ou député, pour finir en toute quiétude… sénateur. Tout cela sans omettre les cumuls, parfois outranciers, de mandats électifs, à ne pas confondre avec une profession. On est assez éloigné d’une démocratie exemplaire… Certes on constate une progression du nombre de femmes et un certain rajeunissement de la « classe » politique, mais c’est encore très insuffisant.
Comment alors s’étonner que les politiques nous rabâchent à peu près les mêmes discours depuis une quarantaine d’années ? C’est toujours la crise, c’est toujours de la faute des autres, de l’Europe, de l’autre « camp », de l’administration… alors même que ce sont les parlementaires qui votent les lois et suivent leur application. Si gouverner, c’est prévoir, les politiques doivent anticiper et définir des parades à une crise éventuelle. Personne ne prétend que c’est facile, mais il faut au moins le tenter. Et s’il y a véritablement crise, peut-être bien que c’est une chance, pour réformer, innover, inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, de vivre bien ensemble.
Cette déconnexion des politiques par rapport au monde réel peut expliquer, au moins en partie, l’exaspération qui monte partout. Ce n’est pas grave si l’on sait réagir à temps par une limitation stricte des mandats électifs, par un renouvellement du « personnel politique » et une démocratisation plus ample de notre société. Ferez-vous le 11 ?
Il est déjà bien tard, mais pas encore trop tard !