La pollution atmosphérique a connu « ses belles heures », si l’on peut dire, pendant les années 1970. A cette époque, on prenait conscience de son importance et de ses effets. C’est alors que l’on a commencé à la mesurer, par des méthodes physiques, ou à l’évaluer, par des méthodes biologiques. Les résultats de ces investigations étaient souvent très alarmants et une série de mesures furent prises progressivement pour réduire les pollutions (réglementation), en suivre l’évolution (associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air) ou se concerter sur les progrès à réaliser (Secrétariats permanents de prévention des pollutions industrielles). Plus récemment, ont été mis en place des Plans régionaux de qualité de l’air. Quarante ans plus tard, on peut dire que tous ces efforts ont porté leurs fruits et les pics de pollution ont sensiblement diminué.
A y regarder de plus près, les résultats sont toutefois à relativiser, dans la mesure où les pollutions de fond demeurent un enjeu majeur. Les polluants classiques ont bien régressé mais des polluants nouveaux sont à prendre en compte et 45 % de la population urbaine européenne est exposée à des polluants pouvant porter préjudice à sa santé (particules et ozone notamment). De plus, les dérèglements climatiques peuvent engendrer des détériorations graves de la qualité de l’air, comme on vient de le voir à Moscou, en période de sécheresse avec incendies de forêt. Les synergies sont, à cet égard, très complexes et peuvent jouer dans les deux sens : les incidences climatiques peuvent engendrer de la pollution et certaines pollutions peuvent modifier le climat…
Par ailleurs, pendant longtemps, on a considéré que la pollution était « extérieure », en négligeant la qualité de l’air à l’intérieur des locaux. Fort heureusement il a été remédié à cela, en termes d’études, et on sait maintenant que, bien souvent, l’air de notre salle de bain ou de notre cuisine est bien plus pollué que celui de notre quartier, ou que l’habitacle de notre voiture est plus pollué que la rue dans laquelle nous circulons.
L’origine de la pollution de l’air a souvent été rattachée aux activités industrielles, de transport et au chauffage des bâtiments. Cela reste vrai bien sûr, mais certains polluants ont certainement été sous-estimés, comme les pesticides, produits chimiques très complexes comptant environ 1 200 ingrédients, dont on connaît mal l’incidence sanitaire. Les quelques études menées sur le sujet montrent que les pesticides sont présents partout dans l’atmosphère, aussi bien dans les campagnes que les villes, exposant ainsi la quasi-totalité de la population. L’agriculture industrialisée est ainsi devenue une source de pollution de l’air importante et dont l’étude a été trop négligée jusqu’à maintenant.