Au-delà de la comédie grotesque des élections présidentielles de Côte d’Ivoire, l’Afrique est aujourd’hui très touchée par divers effets liés à la crise économique et aux modifications climatiques. Pourtant l’Afrique dispose d’atouts et de richesses qui doivent lui permettre un nouveau départ, cinquante ans après la décolonisation. L’exploitation abusive des matières premières, dans certains pays, a causé beaucoup de dégâts au capital nature et il faudra ne pas répéter les erreurs du passé. A cet égard, on peut se demander si l’Afrique n’offre pas une image grossie des dégâts causés par le mode de développement occidental, un « effet loupe » en somme.
L’Afrique se trouve, selon des experts Africains, à un moment historique de son destin, avec des opportunités fortes concernant l’agriculture, l’industrie ou l’énergie. Mais si les discours officiels vont bon train, les réalités de terrain peinent un peu… comme dans le monde occidental.
Quelques exemples sont cependant encourageants pour l’avenir. Ainsi au Burkina Faso, un des pays les plus pauvres du monde, au 177ème rang selon les Nations Unies, l’agriculture fournit un revenu à 86 % de la population. Sous l’impulsion de la FAO, le gouvernement burkinabé a réinvesti dans l’agriculture vivrière, trop longtemps délaissée au profit du coton destiné à l’exportation, renforçant ainsi les organisations paysannes, ce qui est d’autant plus important que 70 % du secteur agricole est constitué de petits producteurs.
Au Kénia (classé par l’ONU 147ème sur 182 pays), l’économie est en train de rebondir. L’instauration d’une union douanière, début 2010, a créé un marché commun pour 5 pays d’Afrique de l’Est qui est un accélérateur des échanges dans la région. La mentalité entrepreneuriale et la capacité de travail des Kényans assurent cette montée en puissance. Mais, revers de la médaille, la capitale Nairobi est maintenant paralysée par les embouteillages du fait de l’explosion du parc automobile…
L’agriculture biologique est devenue une réalité pour la culture du coton en Afrique de l’ouest. Après le Sénégal et le Mali, c’est le Burkina Faso qui s’y met, et les agriculteurs ne meurent plus de maladies provoquées par les pesticides ! Les femmes jouent un rôle primordial dans cette reconversion pour travailler le « coton noble » et ainsi afficher publiquement l’égalité homme-femme. Il reste à transformer le coton sur place plutôt qu’exporter.
Les Africains vont devoir inventer un « modèle africain » pour leur développement, soutenable bien sûr. Ceci demande une volonté politique forte pour passer au stade supérieur, d’abord limiter la fuite des cerveaux africains vers les pays développés et ne pas se faire manger par le néo-colonialisme chinois. La nouvelle Afrique est en marche.