C’était la fin de cet hiver 2010 en Pays de Bray et le début de la saison des vêlages. Une des vaches charolaises allaitantes montrait des signes de disposition à la mise bas. Vers 23 heures l’agriculteur passa à l’étable pour vérifier l’avancement des choses. Cela ne se présentait pas très bien. Plongeant son bras dans la vulve de la vache, il ne trouvait pas la tête du veau en bonne posture et ne parvenait pas à le retourner. L’affaire s’avérait à risque, le veau risquait de mourir et la vache pouvait en subir de graves dommages. On appela à la hâte un voisin agriculteur, distant de quelques kilomètres, pour donner un coup de main. Déjà couché, il fut debout et sur place dans le quart d’heure. Mais rien n’y fit et il fallut se résoudre à appeler le vétérinaire, faute de quoi on risquait de perdre le veau et éventuellement la vache. Il était minuit. Le vétérinaire résidait à une trentaine de kilomètres, il décrocha à la quatrième sonnerie, fut à la ferme dans la demi heure et, fort d’une vraie expertise, mis au monde le veau en 20 minutes. Tout était sauf !
Cette anecdote m’en rappela une autre. Il y a quelques années, notre chat revint à la maison en très piteux état, victime d’une agression grave par un chien ou un renard. C’était dimanche et nous ne pouvions le faire soigner. J’appelais à tout hasard le cabinet vétérinaire le plus proche. Il y a avait un vétérinaire de permanence, qui demanda d’apporter le chat à la clinique. Le minou fut sauvé, il va très bien et vous souhaite le bonjour !
Le « cheptel » de la France compte, approximativement, 20 millions de bovins, 10 millions d’ovins, 10 millions de porcs, 10 millions de chiens et 10 millions de chats, soit un total de 60 millions de « patients » pour les vétérinaires. Le nombre de vétérinaires est, selon les sources, de 12 à 15 000.
La population française est de 64 millions d’habitants. Le nombre de médecins généralistes est de l’ordre de 80 000, chiffre très variable selon les sources.
Ces éléments n’ont rien à voir entre eux et la comparaison est douteuse, c’est vrai. C’était juste pour faire réfléchir un peu sur l’organisation de la médecine d’urgence en milieu rural…
Moralité de cette histoire : si vous avez un problème urgent de santé à la campagne, soyez vache… ou chat. Si vous souhaitez néanmoins rester un humain et qu’il y a vraiment urgence, appelez donc un vétérinaire…