La France est en train de traverser une crise comme elle les affectionne tant… à partir de constatations brouillonnes, d’oppositions obsolètes entre gauche et droite, de rivalités de « p’tits chefs » et de nostalgie de manifs « soixantes huitardes », on s’étripe allègrement à propos de l’âge de la retraite… Il est assez surréaliste que des jeunes d’une vingtaine d’années renforcent le mouvement, soucieux de l’âge de leur retraite qu’ils prendront… dans les années 2070 ! A ce moment-là, où en serons-nous ? Quel seront les conditions de vie sur une planète ravagée par le dérèglement du climat et l’effondrement de la biodiversité ? Est-ce que la retraite même aura encore un sens dans un monde qui sera alors obsédé par sa survie ?
Pour faire preuve de réalisme et se montrer soucieux de l’avenir de ses concitoyens, il aurait été plus judicieux de hiérarchiser les priorités, en partant du constat maintes fois confirmé que la première priorité, c’est bien l’urgence climatique ! Partant de là et des innombrables réformes à opérer en profondeur, il fallait s’interroger sur les activités humaines et une fois de plus se demander « A quoi ça sert de travailler ? ». C’est dans ce contexte, et après avoir remis à niveau les considérations relatives au travail que l’on devait redéfinir les modalités de départ en retraite, avec des critères souples et personnalisés. A vouloir s’accrocher à des principes vieillots, et à présent obsolètes, en uniformisant les règles de vie sans assez de concertation, on génère de la rancoeur, du refus et… de la violence, comme on le voit avec des confusions sur le sens même des choses.
Ainsi lorsque des casseurs profitent des manifestations pour aller vandaliser des commerces, des mairies ou des permanences de parlementaires, certes les syndicats ont raison de rappeler qu’ils ne font pas de violences eux, en ne s’en prenant à personne physiquement. Mais quand on brûle des pneus avec des dégagements toxiques, que l’on bloque la circulation, empêchant des personnes d’aller à leur travail ou à des jeunes de passer le bac, ne serait-ce pas une forme de violence ? A la limite de la prise en otage ? Lorsque le gouvernement, avec la stratégie du 49.3, certes légale, méprise l’avis des députés en allant ainsi contre les représentants du peuple, ne serait-ce pas une forme de violence ? Lorsque les députés, ou dépités ?, s’invectivent comme on ne pourrait pas le supporter dans une salle de classe, ne serait-ce pas une forme de violence ? Lorsque les lois sont assorties de multiples décrets, circulaires et autres interprétations individuelles, et que personne ou à peu près, y compris les professionnels concernés, n’y comprend plus rien, ne serait-ce pas une forme de violence ? En fait, la violence est partout dans notre société, ne parlons même pas de la télévision ou des jeux vidéos… Quant à regarder ailleurs dans le monde… ce n’est pas vraiment mieux !
Mais alors qu’en sera-t-il lorsque nous allons être confrontés pour de bon aux conséquences du dérèglement climatique ? Ne serait-ce pas une forme de violence que de négliger l’avenir de notre civilisation au « profit » de l’économie ? Jusqu’où ira cette violence ? Revenons vite à plus d’Humanité, de respect du prochain, en échangeant nos points de vue avec calme, dans un esprit participatif et constructif. Ensuite on pourra se soucier de notre retraite, que pour ma part j’ai prise, il y a une dizaine d’années, à 65 ans, avec 43 annuités...