La conjonction des modifications climatiques et de la raréfaction des énergies fossiles oblige à s’interroger sur les modes de transports du futur et leurs infrastructures. Pour espérer pouvoir inverser le réchauffement climatique, il faut d’abord agir sur nos comportements individuels en matière de consommation, mais aussi sur les politiques publiques.
En France, entre 1990 et 2004, les émissions de gaz à effet de serre ont globalement diminué pour les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et de l’énergie, mais ont fortement augmenté pour le résidentiel et le tertiaire (+ 22,3 %) et surtout les transports (+ 22 ,7 %).
En 25 ans en France, la longueur des autoroutes a doublé (80 % des transports terrestres de marchandises sont effectués par la route) alors que le réseau ferré exploité a régressé de 10 %, et cela malgré les discours sur la multi-modalité.
Pour économiser l’énergie, il nous faudra diminuer les distances travail – résidence et privilégier les circuits courts de distribution des marchandises. Un exemple intéressant de solution innovante pour le transport des marchandises est le ferroutage. Ainsi, après la mise en service de six lignes en Europe (Allemagne, Italie, Autriche et Slovénie), la plus importante ligne de ferroutage européenne entre le Luxembourg et Perpignan, sur une longueur de 1 000 km, doit permettre de charger, d’ici 5 ans, 10 % de la circulation actuelle des camions sur cet itinéraire. D’autres lignes sont en projet et c’est heureux. Mais, dans l’enthousiasme de cette nouvelle donne, on s’est peu soucié des infrastructures nouvelles nécessitées par ce mode de transport, elles mêmes préjudiciables à l’environnement.
A n’en pas douter, on peut aller plus loin dans cette recherche d’économie d’énergie par le ferroutage. Ainsi ne pourrait-on pas reconsidérer le réseau autoroutier, devenu si dense, afin de transformer la troisième voie des autoroutes, quand elle existe, en voie ferrée pour le transport des camions et conteneurs. La géométrie d’une autoroute est très proche de celle d’une voie ferrée et l’imbrication des réseaux faciliterait alors leur interconnexion pour une distribution maximale des villes et des zones d’activités. Certes, cette transformation nécessitera des aménagements, mais moins coûteux que de nouvelles infrastructures.