Les modifications climatiques apportent des arguments aux partisans du nucléaire du fait que ce mode énergétique ne produit pas, ou peu de gaz à effet de serre (extraction de l’uranium, construction et démantèlement des centrales). De fait la France compte 58 réacteurs nucléaires qui assurent 79 % de la consommation d’électricité. La France vient ainsi en seconde position après les Etats-Unis. Au niveau mondial la proportion d’électronucléaire est de 16 %, soit 2,5 % de la totalité de l’énergie consommée, ce qui relativise un peu les choses.
C’est dans cette continuité que la France a décidé la construction de 2 EPR, réacteurs de 3ème génération, sans concertation, sans évaluation… et en prenant à « rebrousse poil » l’esprit du Grenelle de l’environnement. Outre le risque de contamination, en cas d’accident, un vrai souci du nucléaire est la production de déchets radioactifs. Le volume de déchets nucléaires devrait voisiner 2 millions de mètres cubes sur le sol français en 2020, soit 1 kg/an par habitant (c’est 100 kg/an par habitant pour les déchets chimiques toxiques…). Cela sans oublier l’héritage des mines d’uranium françaises (émission « Pièces à conviction » de France 3 du 11 février 2009) qui représente 210 sites miniers et 166 millions de tonnes de « stériles ».
Les réserves mondiales d’uranium (confirmées et potentielles), sont de l’ordre de 16 millions de tonnes, soit 50 à 70 ans de combustible. S’agissant de la France, l’indépendance énergétique est un leurre puisque nous importons 100 % de l’uranium dont 80 % du Niger, pays pauvre où les conditions d’extraction sont peu scrupuleuses, au détriment des populations locales. Du fait des limites de la ressource, le pic de consommation d’uranium devrait se situer vers 2030, comme le « peak oil » pour le pétrole autour de 2013. Certes l’Inde mise sur le thorium comme combustible nucléaire (mise en service prévue pour 2020) qui présente de nombreux avantages, mais dont les ressources sont limitées.
Comme toujours en matière d’environnement, les choses ne sont pas simples et ne se règlent pas avec des « Y a qu’à ». Il y a toujours à relativiser (voir notre chronique « Comment décider ? » du 17 février 2009). Le nucléaire nous permettra-t-il d’échapper à la crise énergétique ? Rien n’est moins sûr. Il faudra surtout se résoudre à revenir à des principes de bons sens :
1 - Economiser l’énergie, compte-tenu du gaspillage important.
2 – Avoir recours au « bouquet énergétique » en diversifiant les sources, y compris à l’échelle individuelle.
3 – Casser les monopoles en facilitant l’auto-production énergétique, notamment dans l’industrie et l’agriculture.
Au fait, n’oubliez pas d’éteindre la lumière en sortant de la salle de réunion où vous avez discuté du nucléaire…