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  • : Le blog de Michel Lerond
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 08:30

Les modifications climatiques apportent des arguments aux partisans du nucléaire du fait que ce mode énergétique ne produit pas, ou peu de gaz à effet de serre (extraction de l’uranium, construction et démantèlement des centrales). De fait la France compte 58 réacteurs nucléaires qui assurent 79 % de la consommation d’électricité. La France vient ainsi en seconde position après les Etats-Unis. Au niveau mondial la proportion d’électronucléaire est de 16 %, soit 2,5 % de la totalité de l’énergie consommée, ce qui relativise un peu les choses.

C’est dans cette continuité que la France a décidé la construction de 2 EPR, réacteurs de 3ème génération, sans concertation, sans évaluation… et en prenant à « rebrousse poil » l’esprit du Grenelle de l’environnement. Outre le risque de contamination, en cas d’accident, un vrai souci du nucléaire est la production de déchets radioactifs. Le volume de déchets nucléaires devrait voisiner 2 millions de mètres cubes sur le sol français en 2020, soit 1 kg/an par habitant (c’est 100 kg/an par habitant pour les déchets chimiques toxiques…). Cela sans oublier l’héritage des mines d’uranium françaises (émission « Pièces à conviction » de France 3 du 11 février 2009) qui représente 210 sites miniers et 166 millions de tonnes de « stériles ».

Les réserves mondiales d’uranium (confirmées et potentielles), sont de l’ordre de 16 millions de tonnes, soit 50 à 70 ans de combustible. S’agissant de la France, l’indépendance énergétique est un leurre puisque nous importons 100 % de l’uranium dont 80 % du Niger, pays pauvre où les conditions d’extraction sont peu scrupuleuses, au détriment des populations locales. Du fait des limites de la ressource, le pic de consommation d’uranium devrait se situer vers 2030, comme le « peak oil » pour le pétrole autour de 2013. Certes l’Inde mise sur le thorium comme combustible nucléaire (mise en service prévue pour 2020) qui présente de nombreux avantages, mais dont les ressources sont limitées.

Comme toujours en matière d’environnement, les choses ne sont pas simples et ne se règlent pas avec des « Y a qu’à ». Il y a toujours à relativiser (voir notre chronique « Comment décider ? » du 17 février 2009). Le nucléaire nous permettra-t-il d’échapper à la crise énergétique ? Rien n’est moins sûr. Il faudra surtout se résoudre à revenir à des principes de bons sens :

1 -  Economiser l’énergie, compte-tenu du gaspillage important.

2 – Avoir recours au « bouquet énergétique » en diversifiant les sources, y compris à l’échelle individuelle.

3 – Casser les monopoles en facilitant l’auto-production énergétique, notamment dans l’industrie et l’agriculture.

Au fait, n’oubliez pas d’éteindre la lumière en sortant de la salle de réunion où vous avez discuté du nucléaire…

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commentaires

M
Et sans parler des autres mines d'uranium ouvertes à travers le monde<br /> http://www.lobbycratie.fr/2009/07/27/energie-nucleaire-premiere-partie-les-nucleocrates/
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M
<br /> Oui bien sûr hélas. Merci de votre commentaire et du complément d'information.<br /> Michel<br /> <br /> <br />
J
Merci pour cette mise au point que Sarko et Ségo auraient bien fait de lire avant leur débat télévisé lors de la présidentielle en 2007, le premier ayant dit que la France avait 50% de nucléaire et la seconde 15%! Bref, ayant travaillé sur les énergies renouvelables dans les années 70, je suis frappé (i) par le retard pris en France dans ce domaine et (ii) par les mauvais départs qui ont été pris en particulier sur les aérogénérateurs (surtout dans l'Aude où j'habite actuellement) et les agrocarburants. Ne pourrait-on pas prendre le problème par le bon bout en déroulant ces énergies de manière programmée, intelligente et communicante? J'ai bien peur que nous ne soyons en train de rater ce nouveau départ, pourtant indispensable pour rééquilibrer notre bilan énergétique face au tout-nucléaire actuel.
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M
<br /> Merci Jean-Roger de votre réaction salutaire. Oui il reste beaucoup à faire et peut être d'abord en termes de méthodologie de décision. On est tout de même surpris que des décisions sur de pareils<br /> enjeux soient prises sans évaluation véritable, avec beaucoup d'impulsivité semble-t-il et aussi sous la pression de certains lobbies...<br /> Michel<br /> <br /> <br />
B
bonjour ,<br /> juste une précision concernant le nucléaire et les gaz à effets de serre ,un élément qui semble souvent oublié ,la vapeur d'eau est un GES et les centrales en recrachent d'énormes quantités il serait interessant d'en évaluer l'impact,qu'en pensez vous ?<br /> FB (ARBRE)
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M
<br /> Merci de votre ajout. Vous avez d'autant plus raison que la vapeur d'eau est certainement le GES le plus important sur la planète, en volume, et un amplificateur de l'effet de serre par rapport aux<br /> émissions de CO2 et méthane notamment, ce qui inquiète beaucoup les chercheurs du GIEC. C'est encore un "oubli" des défenseurs à tout crin du nucléaire...<br /> Michel<br /> <br /> <br />
C
notre pays et tout particulièrement notre région sur - produit de l'électricité que nous vendons.<br /> Contrairement aux apparences cela ne nous rend pas plus forts mais plus fragiles ainsi que l'a montré l'épisode de délestage de novembre 2006 où les britanniques nos clients ont refusé d'en subir une quelconque part. Seule nous avons eu les coupures...<br /> Par ailleurs la production trop concentrée géographiquement induit des pertes de transport par les lignes à HT et THT de l'ordre de 10% selon EDF elle même.... combien de tranches inutilement construite... on n'est plus là à éteindre ou non la lumière dans une salle de réunion. Les productions énergétiques n'ont guère de rapport avec les besoins... mais plutôt avec leur capacité à permettre de dégager du taux de marge... <br /> Bonne semaine tout de même.
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M
<br /> Merci Claude des éléments complémentaires que tu apportes au débat. Bien sûr ma phrase de chute était une provocation ironique, mais... réelle : j'ai fait ce constat dans un lycée il y a quelques<br /> semaines...<br /> Michel<br /> <br /> <br />