Notre société fonctionne de façon essentiellement verticale. Les décisions viennent d’en haut… et le « marché » définit ce que doivent être les comportements des consommateurs pour pérenniser le système…
Mais il arrive, parfois, que la contestation d’en bas fasse remonter des considérations à prendre en compte… en haut. C’est ainsi que de plus en plus de frondes apparaissent contre des projets jugés inutiles. Des collectifs de citoyens, plus ou moins organisés, contestent alors des projets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont on a beaucoup parlé, mais aussi des projets de TGV, d’autoroutes, d’aménagements urbains, de grands équipements sportifs, d’installation de traitement de déchets ou encore de production d’énergie. Il s’agit, de plus en plus souvent, de défendre une certaine idée du développement et de l’intérêt collectif, mais il peut s’agir aussi, de façon travestie, de défendre seulement son « environnement personnel », le Nimby n’étant pas mort (le Not in my backyard des années 1970). Quoi qu’il en soit, il s’agit bien là de l’expression d’un malaise vis-à-vis des processus de décision, alors que toutes sortes de procédures et instances ont été mises en place, avec des succès mitigés. Il y a bien une défiance des citoyens face aux institutions, en particulier de l’Etat.
La « classe » politique reste très conservatrice, s’interroge peu sur les rapports homme-nature et a bien peu intégré la culture du débat, y compris dans les organisations qui se revendiquent de gauche… Or, bien que l’on puisse regretter le déficit de prise de conscience de nos concitoyens sur les questions environnementales, celle-ci existe néanmoins et tend à se répandre plus vite maintenant avec les moyens modernes de communication. Si bien que l’information n’est plus confinée dans des cercles restreints, mais circule. Dès lors il n’y a plus de « vérité officielle » mais matière à discussion et remise en cause sur des problématiques qui sont rarement simples.
En somme le vertical ne fonctionne plus et doit laisser place progressivement à une approche plus horizontale. Le vertical, c’était le père, l’instituteur, le patron, le maire, le curé… l’horizontal, ce sera plutôt des comités de citoyens, des collectifs divers, organisés en relation avec des élus qui auront mission de prendre des décisions répondant à l’intérêt collectif. On pourrait appeler ce système « démocratie » ! , mais dans un contexte ouvert qui dépasse le cadre national pour aborder un monde nouveau en émergence. L’avenir est plus ouvert qu’il n’y paraît. Tout est à ré-inventer et donc le meilleur est possible, pourvu que les politiques soient réajustées et les lobbies « recadrés », mais aussi que les citoyens soient pleinement responsables en plaçant le sens du collectif au-dessus des intérêts individuels. C’est d’une nouvelle culture dont il s’agit, peut être d’une nouvelle civilisation. Ce ne sera pas simple, mais quel défi passionnant !