La cocotte bout pour de bon :
La cocotte-minute est en train de bouillir (les peurs se généralisent), elle vient d’émettre un son strident pour signaler qu’elle est bien chaude (les Gilets jaunes qui veulent être respectés, mais sans ligne directrice) et indique ainsi qu’il est temps de laisser échapper la vapeur pour calmer le jeu, faute de quoi, elle pourrait bien exploser (la violence est déjà là) !
Nous sommes bien face à un grand malaise pour lequel il eut fallu répondre à l’urgence sans tarder. Ceci n’a été fait que très partiellement par un « grand débat » qui ne répond pas vraiment aux peurs du moment, pour sortir du « vieux monde » et revenir à l’essentiel. On aurait pu éviter la crise actuelle si les politiques avaient montré davantage de pédagogie afin de hiérarchiser les problèmes, ce dont ils semblent bien incapables. Les peurs s’accumulent, telles que le maintien ou pas du sacro-saint pouvoir d’achat bien sûr, lié aux inégalités parfois criantes et réelles, mais aussi au bouleversement du monde qui s’appuie de plus en plus sur un axe oriental et non plus occidental, à la montée des risques climatiques que l’on perçoit mieux, aux migrations que l’on ne sait pas gérer alors que l’on sait qu’elles vont s’amplifier.
Face à ces craintes pour l’avenir, la société française se fracture entre manifestants et policiers, on le voit tous les samedis ! Mais aussi entre travailleurs publics et privés, avec des préjugés qui perdurent à propos des fonctionnaires, fainéants et pourvus d’avantages. Dans le même temps une demande forte s’exprime pour plus de services publics de proximité. Equation difficile ! La société se délite, le sentiment de frustration augmente et le malaise ne cesse de grandir. Les Français sont à cran, avec des arrêts de travail qui se multiplient, des actes de violences inimaginables, conjugales ou parentales, un irrespect croissant de la vie collective, comme en témoigne les innombrables déchets qui « décorent » le bord des routes, les dégradations en tous genres des équipements publics ou les infractions répétées au code de la route… Les livres les plus vendus sont des polars et la violence se banalise, avec une contribution « pédagogique » forte des chaînes de télévision qui n’offrent plus guère que crimes, assassinats et meurtres, en livrant le mode d’emploi !
Ce qui est vrai au niveau français l’est aussi au niveau européen. Alors que l’Europe peut être une chance unique de progresser, les nationalismes se multiplient, générant des oppositions latentes entre peuples. Quant au niveau mondial… voyons ce qui se passe aux USA, en Amérique latine ou en Afrique. De quoi frémir ! Si l’on ajoute qu’en 2019 les 26 milliardaires les plus riches de la planète possèdent autant de richesses que la moitié de l’humanité (3,8 milliards de Terriens), on ne frémit plus, on enrage !
A tout cela faut-il ajouter la prise de conscience réelle des risques climatiques et liés à l’érosion de la biodiversité. Cela s’entend maintenant tous les jours dans les conversations ordinaires. Chacun prend conscience que ces préoccupations dépassent toutes les autres, alors que les politiques ne réagissent que modérément, si ce n’est dans les discours… Comme l’écrivait Flaubert : « Nos gouvernants sont des dindons qui passent pour des aigles et font la roue comme des paons ». Les temps ont-ils vraiment changé ? Face à ce défi colossal, une petite minorité pense que « c’est foutu » et donc « profitons-en le plus possible » en se permettant n’importe quoi. Une autre petite minorité pense qu’il est encore temps, qu’il faut réagir fortement, et d’abord en refusant de faire des enfants parce que le vrai problème est la population mondiale excessive. Et la plus grande partie de la population, sûre que l’effondrement de notre civilisation est inéluctable, a peur et s’angoisse à penser l’avenir que nous allons livrer à nos enfants et nos petits-enfants.
La peur est là, mauvaise conseillère et porteuse de violences. On est prêt de l’explosion et il est urgent de réagir, individuellement et collectivement, pour éviter le drame.
A suivre : 2/Pour une transition politique, et pas seulement écologique.
3/ Pour éviter l’explosion : l’engagement civique de chacun.