Une des obsessions de notre société est de produire toujours plus et donc… de consommer plus. Tout cela sans s’interroger sur les limites du système qui pourtant sont là, devant nous. L’avons-nous assez répété, changeons pour consommer moins et mieux, suite à quoi il faudra produire moins : ce dont nous avons besoin afin de garantir notre avenir. Facile à dire, mais comment résister au choix de produits qui nous est proposé, comment recentrer nos besoins, comment savoir si ce que nous achetons est sain, respectueux de notre environnement, fabriqué dans des conditions sociales acceptables, etc. Pas si simple ! Pourtant, bien des exemples d’évolution se multiplient.
Les Français, jamais à une contradiction près, sont nombreux à penser que la surconsommation va mener à un effondrement de notre société, mais aussi qu’il faut se faire plaisir en consommant. Et c’est ainsi que, parfois, on achète des produits nocifs pour l’environnement, souvent en plastique, fabriqués à l’autre bout du monde, pas très utiles et que l’on retrouvera plus tard sous forme de déchets marins et pourquoi pas, de micro-particules dans l’eau « potable »… Cette ambiguïté de nos comportements ne s’explique pas seulement par des besoins, mais aussi par le désir de montrer quelle place on occupe dans la société. La consommation permet de montrer que l’on est conforme aux normes sociales, que l’on fréquente des magasins qui sont de plus en plus des lieux de vie. Mais tiens donc, on ne serait pas un peu conditionnés par hasard ?
Mais que faire ? Puisque la sensibilité du public progresse à cet égard, ne faudrait-il pas commencer par simplifier et standardiser l’information sur la qualité des produits et leurs impacts. C’est ma proposition N° 44 de « Les clés de notre avenir » (Persée, 2020, 108 p.) : Au stade où nous en sommes, on peut se demander s’il ne faudrait pas, dans l’intérêt du consommateur, supprimer tous les labels. Les produits que l’on peut trouver sur le marché sont consommables ou pas. Si non ils doivent être retirés du marché et les producteurs pénalisés. Le consommateur peut choisir de ne pas acheter faute d’information claire. Par ailleurs les initiatives se multiplient, comme en Gironde où le collectif Acclimat’action s’est associé au département de la Gironde et la Ville de Bordeaux pour créer une caisse commune, une sorte de « sécurité sociale de l’alimentation » pour faciliter l’accès à la nourriture pour tous, y compris les plus pauvres. Les porteurs du projet visent à terme une cinquantaine de points de vente évalués selon plusieurs critères : juste rémunération des producteurs, provenance des aliments, pratiques agricoles durables, bien-être au travail…Plus près de chez nous, en Pays de Bray, un marché de 15 producteurs locaux, avec des produits de saison et respectueux de l’environnement repart à Avesnes-en-Bray (près de Gournay-en-Bray) le premier vendredi du mois. Ce marché permet au consommateur écoresponsable de faire son panier pour la semaine en un seul déplacement. Enfin, après la création d’une première AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) à Aubagne en 2001, voilà un projet identique qui émerge en Pays de Bray à Neufchâtel-en-Bray, avec le projet de pratiquer de l’économie solidaire sans intermédiaire entre producteur et consommateur de produits bio.
Nous pouvons consommer mieux ! Nous en avons de plus en plus la possibilité, sans nous laisser attirer par les sirènes d’un business trompeur.