- L’Homme dans la nature
Ne l’a-t-on assez répété, la nature s’appauvrit et le phénomène s’amplifie. Ainsi, on sait maintenant que les populations mondiales d’animaux marins, toutes familles confondues, ont chuté de moitié depuis les années 1970, sous la pression des pollutions, des modifications climatiques et de la surpêche. Dans le même temps, la consommation de poisson est passée de 10 à 20kg par habitant et par an. Comme si cela ne suffisait pas, certains experts craignent la disparition des récifs coralliens d’ici 2050, alors qu’ils abritent le quart de toutes les espèces marines… La surexploitation (il faut bien nourrir les populations) conduit à ce qu’en Méditerranée 90 % des stocks sont épuisés… Durant ces 40 dernières années, les espèces terrestres mondiales ont également décliné d’environ 40 %. Quant aux espèces d’eau douce, leur déclin est estimé à 80 % ! La pression de l’Humanité sur la biodiversité va croissante, du fait de l’augmentation de la population, et nécessiterait dès maintenant une Terre et demi pour satisfaire les besoins humains en ressources naturelles. Souvenons-nous que la population mondiale a quasiment triplé depuis 1950 et que l’on prévoit de passer des 7 milliards actuels à 9 en 2050, soit 3,6 fois plus en un siècle.
Certes des mesures sont prises pour enrayer ces phénomènes, mais trop timides et trop lentes, elles ne parviennent pas à inverser le phénomène. Bien que les écologues aient commencé à tirer la sonnette d’alarme dès les années 1970, la biodiversité reste mal connue et mal comprise compte-tenu de sa complexité. Ceci alors même que les hommes dépendent beaucoup plus qu’ils l’imaginent des écosystèmes, ce qui pose la question du devenir, non seulement de la nature, mais de l’Humanité. Comme l’a souvent répété Robert Barbault, l’homme est dans la nature, c’est plus que jamais indispensable de s’en souvenir. Toutes les tentatives de protection et de restauration des espèces et des écosystèmes doivent être encouragées. Les trames vertes et bleues mises en place en France depuis quelques années ont un intérêt primordial pour relier les îlots de nature avec des corridors écologiques. Bien sûr pour parvenir à des résultats concrets, il faut sensibiliser les populations afin de faire comprendre, accepter et réaliser toutes ces actions de sauvegarde… de notre espèce, nous les Humains. Il va nous falloir aussi très vite économiser l’espace en évitant une artificialisation trop poussée des milieux naturels. Et puis surtout, il va falloir produire autrement, notamment dans les domaines agricole et énergétique.
Gageons que l’espèce humaine saura réagir tant qu’il en est encore temps, elle qui a encore beaucoup à apprendre sur la nature puisque son tube digestif abrite environ un millier d’espèces de bactéries dont on en connaît que 480…