Nous poursuivons notre découverte paysagère à travers la littérature.
De la nature à la sorcellerie : du sorcier au loup garou :
René Le Tenneur. Magie, sorcellerie et fantastique en Normandie. 1979.
« … L’ouvrage, « les Mémoires de Pierre Thomas, sieur du Fossé », nous renseigne sur une affaire mettant en cause des vachers et des bergers sorciers qui pratiquaient dans la région du Fossé, près de Forges-les-Eaux à la fin de l'année 1694. Voici un extrait de ce qu'écrivait le sieur du Fossé : « ...dans le temps de la famine... il était venu s'établir dans la paroisse du Fossé... de misérables vachers et autres gens sans conscience, qui usoient souvent de maléfices pour faire mourir les bestiaux et qui, sur les moindres sujets de disputes qu'ils pouvoient avoir avec quelques uns de nos habitants, s'en vengeoit de gayeté de cœur, par la mortalité qu'ils envoyoient au milieu de leurs chevaux et de leurs vaches ...» «En 1770, un loup, dit lévrier parce qu'il courait en sautant, causait des ravages dans la province de Saint-Denis-le-Thiboult, près Ry, fut considéré comme étant un sorcier. Le subdélégué de Lyons-la-Forêt, dans une lettre du 30 septembre 1770, écrivait à ce sujet : «...La superstition augmente encore leur crainte ; les uns disent que cet animal est un jésuite, une vieille femme, d'autres un sorcier sous la forme d'un loup qui, ainsi métamorphosé, vit et parle quelques fois comme un homme ; qu'il ne craint que l'arme blanche et l'arme à feu ; que même il se trouve invisiblement avec les chasseurs qui sont à sa poursuite... »
Revenons au paysage rural dominant :
Philippe Goujard. L'abolition de la «féodalité » dans le Pays de Bray (1789-1793). La Revue du Randillon, N° 17, octobre 1998.
« Au XVIIIe siècle, le Pays de Bray était une région relativement pauvre.... Par certains côtés, le Pays de Bray était resté une région sauvage. Les forêts abritaient des bêtes fauves... La richesse du Pays de Bray consistait dans ses animaux et ses herbages. L'élevage, d'abord pratiqué dans les forêts, le fût ensuite surtout dans les masures, enclos situés autour des bâtiments d'exploitation que l'on ne fauchait pas afin de ne pas détruire les graminées. Puis, à partir du XVIIème siècle, en particulier dans la région de Forges-les-Eaux, on convertit les terres de labour en herbages ou en prairies. Vers 1650, un officier des eaux et forêts, Jacques de Dampierre, entreprit d'assainir les fonds de vallées marécageux des cours d'eau brayons ; les terres drainées furent transformées en prés. De 1710 à 1735, près de 2 500 ha furent convertis
en herbages. »