Voilà dix ans que Théodore Monod s’est éteint à Versailles, le 22 novembre 2000, âgé de 98 ans. Il est né, en effet, le 9 avril 1902, à Rouen, au numéro 9 de la rue Henri Lafosse. Théodore André Monod fut un scientifique naturaliste et explorateur. Il fut l'un des plus grands spécialistes du Sahara au XXe siècle et produisit environ 1 200 publications, considérées comme des références. []Monod est fils d’un pasteur et théologien protestant dont l'influence spirituelle a beaucoup joué sur leur fils qui fut aussi un humaniste. Monod plaça toujours l’humain au cœur de ses actions. C’est ainsi qu’il prit part aux mouvements antinucléaire, antimilitariste, non violents, de défense des Droits de l'homme et de l'animal, en manifestant toujours beaucoup d’exigence.
Un bref rappel de sa carrière est éloquent. Il entre au Muséum national d'histoire naturelle en 1922 et y soutient sa thèse en 1926. Il découvre le continent africain dans le cadre de missions de recherche, parcourt le Sahara occidental pendant plus de soixante ans à dos de dromadaire ou à pied. Au Mali, il découvre le squelette de l'homme d'Asselar, estimé à - 6 000 ans. Il découvre de nombreux sites néolithiques et des espèces végétales. En 1938, Monod est affecté à Dakar pour créer l'Institut français d'Afrique noire (IFAN) qui, sous son impulsion, devient un très grand centre scientifique. Il est nommé directeur du laboratoire des pêches d'outre-mer au Muséum en 1942, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer en 1949 et de l'Académie de marine en 1957. Il est élu à l'Académie des sciences en 1963, considéré par ses pairs comme un des meilleurs spécialistes des poissons et crustacés. Deux genres et 35 espèces végétales, huit genres et 130 espèces animales sont dédiés à Théodore Monod. Il voit pour la dernière fois le Sahara en 1996, avant de perdre totalement la vue, à 94 ans.
A l'occasion du 10ème anniversaire de sa disparition, le Muséum national d'Histoire naturelle rend hommage à Théodore Monod, afin de mettre à l’honneur, en cette année de la biodiversité, l'un des premiers défenseurs de l'environnement (http://www.mnhn.fr) : exposition du 26 octobre 2010 au 17 janvier 2011 au Cabinet d'histoire du Jardin des Plantes ; publication d’un ouvrage sous la direction de Mauricette Berne et Ambroise Monod (La vie de Théodore Monod racontée par ses proches à partir d'archives. Editions Le Chêne, 288 p.).
En 1979, je venais de publier dans la revue Histoire et Nature des « Eléments pour une histoire de la botanique en Normandie ». Théodore Monod fut particulièrement intéressé et me fit connaître à cette occasion un manuscrit relatant le voyage de Messieurs Vaillant et Danty d’Isnard sur les côtes normandes et bretonnes en 1707. Un moment fort !