A plusieurs reprises ces derniers temps, il a été question de maltraitance à l’égard des animaux mais aussi plus globalement de nos rapports avec les animaux. Nous autres humains, une espèce animale aussi, sommes confrontés à une période difficile où la violence est souvent présente entre nous sous différentes formes. N’est-ce pas l’occasion de regarder vivre les animaux avec plus d’attention et, éventuellement, nous en inspirer en matière de respect des autres et de la nature. Le bon sens et l’intelligence des animaux, chez certains d’entre eux, nous laissent parfois sans voix devant ce qu’il faut bien appeler de la sagesse.
Au cours des temps nous avons pris l’habitude de regarder les animaux à travers le prisme des croyances ancestrales à caractère religieux ou de déductions hâtives sans fondement. C’est ainsi que les écureuils sont gentils, que les chouettes émettant leur cri la nuit portent malheur, ou que les chauves-souris sont quasiment des vampires, ou encore que les araignées sont détestables… Pourtant, même si l’homme s’est persuadé de sa supériorité sur tout le reste du monde animal au cours du temps, il ne peut nier son animalité et aurait sans doute intérêt à s’en souvenir.
En connaissant mieux les comportements animaux, nous pourrions appréhender nos complémentarités. Si nombre de médicaments proviennent des plantes, certains proviennent aussi d’animaux et parfois de façon inattendue. C’est le cas par exemple de certains anti-coagulants qui proviennent du venin de serpent. Par ailleurs, sous l’impulsion des éthologues nous découvrons de plus en plus que les animaux sont des êtres doués d’intelligence. L’étude des grands singes notamment a montré que les gorilles ou les chimpanzés ont de vraies relations sociales, qu’ils communiquent entre eux et utilisent des outils. A partir de là on a pu constater que ces capacités cognitives et ces dispositions sociales existent aussi chez les oiseaux, insectes, poissons et bien sûr les animaux de ferme. Tous ces animaux sont dotés, à des niveaux divers, d’intelligence et d’émotions.
Ces découvertes remettent en cause notre vision du monde et nos rapports avec le monde animal. Cela bouscule nos certitudes d’antan et nous amène à nous interroger, par exemple, sur la souffrance animale dans le cadre des élevages intensifs, des abattoirs ou de la maltraitance « ordinaire ». C’est à partir de ces découvertes que les juristes sont amenés à revoir le droit des animaux avec des concrétisations surprenantes comme cet orang-outang à qui la cour de cassation d’Argentine reconnaît le droit de vivre, d’être libre et de ne plus être maltraité ou les dauphins pour lesquels l’Inde a reconnu des droits semblables par une loi de 2013. En France, ces débats restent marginaux, pour le moment, par crainte que le droit animal ne s’oppose aux droits de l’homme.