Les arbres sont souvent sujets à polémiques, et de plus en plus semble-t-il. En milieu rural, les évolutions de l’agriculture ont généré des agrandissements de parcelles et des arrachages de haies. En ville même, des aménagements nouveaux de voiries ou du milieu urbain amènent parfois à supprimer des arbres au motif qu’ils attirent les pigeons et les nuisances qui vont avec, ou simplement les pucerons… Faut-il rappeler que ces contestations ne sont pas tout à fait nouvelles. Ainsi, il y a environ 150 ans (!), lors de la plantation d’arbres le long de la route Forges-les-Eaux – Gournay-en-Bray en Seine-Maritime, les arbres ont été vandalisés, saccagés, arrachés, au prétexte qu’ils allaient gêner la circulation des diligences. L’histoire est un éternel recommencement…
Pourtant que ce soit en ville ou en milieu rural, les arbres ont joué un rôle important dans la « construction » des paysages. La diversité des essences et leur agencement, en bosquets, en alignements, aux formes et couleurs diversifiées, ont contribué à l’embellissement des routes, de certains monuments, etc.
Une association, le Collectif Paysages de l’après-pétrole s’investit particulièrement dans ce domaine (www.paysages-apres-petrole.org). Mais il faut aller plus loin maintenant et redéfinir la nécessité des arbres dans nos paysages, pour des raisons esthétiques, de qualité de vie, mais aussi utilitaires. L’exemple des routes est très significatif à cet égard :
Si l’on considère la route, non seulement comme une infrastructure de déplacement, mais aussi comme une infrastructure d’aménagement du territoire, on peut alors lui attribuer des fonctions paysagères (esthétique du tracé routier et insertion dans le paysage traversé), des fonctions économiques (régulation de l’hydraulique de surface, alimentation des filières bois-énergie), des fonctions environnementales (biodiversité pour les oiseaux, insectes et chauve-souris particulièrement ; absorption des polluants dus à l’automobile), etc. Cette façon de voir suppose une conception différente des plantations, pour passer d’alignements simples à de véritables corridors écologiques qui nécessitent une emprise plus importante. Cela n’est pas possible partout pour le réseau existant, mais ce peut être le cas dans la traversée de plaines de cultures ou de voies nouvelles. L’emprise se ferait quasiment toujours aux dépens des surfaces agricoles, c’est vrai, mais ce serait aussi une façon pour l’agriculture de « rendre les fonctions » qu’elle ne remplit plus… et d’y retrouver son compte (prévention de l’érosion des terres agricoles, inondations, biodiversité des prédateurs d’insectes, etc.).
A retrouver dans « Faire passer le message » en librairie cet été.