La pandémie du Covid19 a mobilisé les médias, ce qui est bien normal. Tous les aspects, sanitaires, économiques, sociaux, politiques de la pandémie ont été passés en revue, avec une certaine insistance parfois un peu… anxiogène. Mais, comme trop souvent, les médias ont omis de replacer les choses dans un contexte plus large afin de mettre en évidence les liens entre des faits apparemment éloignés.
Dans le même temps que la pandémie, le réchauffement de la planète se poursuivait et on a connu une décennie record en matière de température, avec incendies et canicules. Pendant le confinement, on enregistrait des températures de plus de 30° au-delà du cercle polaire, de 47° en Inde et 50° au Rajasthan... Les incendies liés à ces dérèglements ont brûlé 10 millions d’hectares et 10 000 maisons en Australie. En Inde, un tiers de la population doit rationner l’eau et les rixes se multiplient dans les files d’attente de distribution de « l’or liquide ». Vous en avez entendu parler ?
L’Inde et le Bangladesh ont subi le cyclone Amphan, qui avec rafales de vent, pluies torrentielles, raz-de-marée et montée des eaux, a ravagé les côtes du Bengale, inondant villes et villages, etc. L’intrusion d’eau salée sur la terre ferme va avoir un impact sur les cultures pour plusieurs années. Vous en avez entendu parler ?
L’Afrique de l’Est a connu une invasion de criquets d’une ampleur sans précédent, à raison de centaines de millions d’insectes ravageant tout sur leur passage. Cette explosion, liée aux modifications du climat, a migré vers la mer Rouge puis vers l’Inde où des essaims d’un kilomètre carré ont ravagé déjà 50 000 hectares de cultures. Vous en avez entendu parler ?
Le pergélisol (sol gelé du grand nord, recouvrant 25 % des terres émergées en Russie, Canada et Alaska) continue de fondre, libérant progressivement des milliards de tonnes de gaz à effet de serre, ce qui accélère encore le réchauffement… qui accélère la fonte du pergélisol ! « Accessoirement », cette fonte de terres gelées peut libérer aussi des bactéries et virus qui pourraient se « réveiller ». Vous en avez entendu parler ?
Le monde n’est que bien peu préparé à ces épisodes, en particulier en Occident. Face à ces périls, la question n’est pas d’être pessimiste ou optimiste, mais de regarder les choses en face, afin non seulement d’y remédier mais de les prévenir. Cette situation à risque impose des changements radicaux dans notre rapport au monde. Les médias ont déjà beaucoup évolué sur ces questions, mais il y a encore un énorme travail d’information à faire auprès du public et surtout des décideurs. Ceci vaut en particulier pour la presse économique. Le monde d’avant, c’est fini !