Nombre de faits divers dans l’actualité récente ont fait écho à la recherche scientifique, qu’il s’agisse de médicaments, de produits phytosanitaires, d’OGM ou de divers produits de consommation courante.
La recherche scientifique, par nature, comporte bien des incertitudes et les résultats peuvent être remis en cause ultérieurement. C’est d’ailleurs le fondement de la science. Mais les choses se compliquent un peu plus quand les recherches sont menées avec opacité. Comment alors, le citoyen peut-il se faire une opinion, comment le consommateur peut-il faire ses choix ?
Au-delà des questions difficiles inhérentes à la recherche scientifique, les modes de financement pourraient bien être à l’origine de certaines controverses. C’est ainsi que telle étude « démontrant » l’impact des pesticides sur les abeilles est contestée, au motif de protocole ou de modèle mathématique insuffisants, par un chercheur… soutenu par un agrochimiste. N’est-on pas alors dans le conflit d’intérêts ? La récente polémique sur les OGM s’est appuyée sur une contestation portant sur l’insuffisance de rigueur du protocole d’étude, notamment par l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments), qui elle-même est mise en cause lourdement pour conflits d’intérêts sur les OGM.
La vraie question, semble-t-il, est celle de l’indépendance de la recherche. Autrefois elle était financée par des fonds publics, ce qui permettait une grande liberté d’approche et d’expression des résultats. Depuis une trentaine d’années, la recherche est le plus souvent financée par des entreprises qui attendent des résultats applicables, ce qui est logique, dans des délais raisonnables et sans trop s’apesantir sur les effets indésirables. Cette nouvelle donne débouche, inévitablement, sur des lobbyings puissants, et d’autant plus que les hommes politiques sont faibles…
A cela il faut ajouter les fraudes des chercheurs eux-mêmes, rares il faut l’espérer mais qui compliquent un peu plus le problème. La fraude est estimée à un article scientifique sur 10 000, mais est en augmentation du fait d’une logique économique qui exige un résultat opérationnel en un temps court, faute de quoi le laboratoire mandaté n’est plus financé... La médiatisation amplifie le phénomène en publiant des résultats annoncés, certes, mais pas obligatoirement validés en totalité. Ce fut le cas, à plusieurs reprises ces derniers temps, à propos de produits pharmaceutiques, pour lesquels la sensibilité du public est encore plus forte.
Pour limiter les impacts sur la santé et l’environnement de résultats « scientifiques », il faudra bien revenir à plus d’indépendance des chercheurs, des financements de la recherche et de présentation transparente des effets constatés.