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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 07:53

Depuis la nuit des temps les inventions humaines ont permis de faire face aux périls générés par la nature, qui est loin d’être aussi docile qu’on voudrait nous le faire croire parfois. Avec l’accélération de l’histoire, les deux derniers siècles ont été particulièrement inventifs en matière de technologie, si bien que l’on est parvenu à une sorte de dogme technologique qui voudrait qu’à chaque problème, la science apporte des remèdes, maintenant ou plus tard. Cela est d’autant plus criant que les enjeux sont importants. A notre époque, le défi climatique témoigne de l’ardeur à inventer de nouveaux remèdes qui renverraient leurs détracteurs au statut d’affreux pessimistes retardataires. Ainsi la montée du niveau des océans ne doit pas inquiéter puisque, déjà, on est prêt à construire des villes-atolls amphibies et autosuffisantes, en somme un concentré de développement durable ! En amont de cela, il n’y a pas à redouter l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère, puisque l’on va pouvoir capter et stocker ce gaz à effet de serre ; alors que l’on pourrait protéger les puits de carbone que représentent les grands écosystèmes planétaires. De plus, le déversement de poussière de fer sur l’océan va favoriser le développement du phytoplancton qui va absorber le CO2 ; mais gare aux effets secondaires de l’appauvrissement de l’océan en oxygène. Des satellites pourvus de panneaux photovoltaïques vont nous procurer de l’électricité propre, ou encore des « fermes de ballons », recouverts d’un film spécial, pourraient être créées pour produire de l’énergie... Voir notre chronique « Renouvelables, vraiment ? » du 9 décembre 2008.

Bien sûr que l’innovation technologique peut apporter des solutions intéressantes. Mais ce qui est frappant dans les discours relatifs à la géo-ingénierie atmosphérique notamment, c’est que les solutions techniques vont permettre de continuer « comme avant », sans remise en cause, alors qu’il nous faudrait plutôt repenser la notion de progrès technologique par rapport au progrès humain. Ainsi, comme le dit très bien Dominique Bidou, l’ingénierie technique, humaine et sociale peut conforter (http://moniblogs.lemoniteur-expert.com/developpement_durable/2009/11/ing%C3%A9nierie.html) le développement soutenable et aider à trouver ensemble un faisceau de nouvelles réponses aux défis de notre temps. La réponse technologique ne doit pas consister obligatoirement en méga systèmes, surtout intéressants financièrement pour leurs concepteurs, mais aussi en multiples innovations à petite échelle. Tout cela nécessite que les solutions proposées soient évaluées sérieusement avant leur mise en œuvre.

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commentaires

K
<br /> Non seulement la technologie ne règlera pas les problèmes, mais on oublie que comme les médicaments, elle implique nécessairement des effets secondaires, dont aujourd'hui, dans le meilleur des cas,<br /> on évalue au mieux le bénéfices/risques à court terme, mais on n'est quasiment incapable même de l'imaginer à long terme... on s'en rend compte avec l'amiante, et encore, là c'est simple, il y a<br /> longtemps qu'on sait, et on voit comment on gère... quid du nucléaire ?...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'est vrai que la technologie peut comporter aussi des effets secondaires, pas toujours faciles à prévoir sur le long terme. Néanmoins dans un certain nombre de cas on sait pertinemment à quoi s'en<br /> tenir. Pour l'amiante que vous évoquez, les premiers morts datent je crois... de 1906 et l'interdiction de... 1996 ! Quant au nucléaire, on sait quand même beaucoup de choses depuis Hiroshima ou<br /> Tchernobyl... que l'on préfère ne pas trop voir.<br /> Michel<br /> <br /> <br />
K
<br /> L'évaluation me fait actuellement penser au principe de précaution. Elle ne s'applique qu'à ce qui ne remet pas en cause le fonctionnement du système... Voir qui le gêne... Exemple en agriculture,<br /> quel danger que l'ortie, mon dieu, il n'a pas fait les preuve de son innocuité !!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci Kerloen. C'est bien toute la difficulté de l'évaluation et sa limite, on est d'accord. Mais toutefois, il me semble qu'il vaut mieux une évaluation plutôt que rien. Tout le problème réside<br /> dans la méthodologie de l'évaluation, dans ses acteurs (indépendants ou non), dans l'association ou non des citoyens et sous quelle forme, dans la volonté politique d'accepter une remise en cause,<br /> soit au final dans la volonté, ou pas, de regarder les choses objectivement pour les faire évoluer. La culture de l'évaluation est encore largement à acquérir.<br /> Michel<br /> <br /> <br />
R
<br /> Certes, la croyance au progrès linéaire fondé sur la science et la technologie a fait, en partie son temps. Le financement de bon nombre de programmes scientifiques et, surtout, techniques n'ont<br /> d'ailleurs pas toujours eu pour objectif l'amélioration du bien-être des êtres vivants sur terre. Le citoyen, non scientifique et non technicien, doit néanmoins pouvoir maîtriser son destin sans<br /> déléguer à tout bout de champ tout et n'importe quoi au prétexte qu'il ne serait expert en rien. Je ne suis évidemment pas contre le science et la technologie surtout quand cette dernière est<br /> appliqué à la biodiversité, au développement durable. Mais attention de ne pas subordonner toute innovation - ou simple actualisation d'un savoir ancien - au principe de l'évaluation cher aux<br /> technocrates de tout poil. Car cette inclinaison, reviendrait à entretenir un processus que justement certains dénoncent : déposséder le citoyen de toute responsabilité et pouvoir. Tout au<br /> contraire, donnons ou restituons au citoyen les moyens de juger de ce qui est bon ou mauvais pour lui, les hommes et la planète.<br /> Il ne faut pas sans cesse s'en remettre à soit-disant plus "qualifié " que soit. Après tout, ne sommes-nous pas tous des experts en matière d'art de vivre sur la terre ?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci Rémy de votre commentaire. tout à fait d'accord avec vous. Evaluation ne veut pas obligatoirement "à dire d'experts" sans prendre en compte l'avis du public. Une bonne évaluation devrait<br /> pouvoir s'appuyer sur les experts ET sur l'avis des citoyens. Cela dit, il reste à bien définir la méthode pour que l'avis des citoyens ne soit pas en fait un avis partiel et partial d'un "groupe"<br /> quel qu'il soit. Ce n'est pas toujours facile, mais certaines expériences de ce genre ont donné de bons résultats. Cela demande beaucoup de rigueur et d'explication.<br /> Michel<br /> <br /> <br />
D
<br /> Ta conclusion m'a donné ce matin le soleil absent derrière les grands arbres qui se balancent furieusement devant ma fenêtre : elle ressemble étrangement à la mienne, hier, sur mon blog! Nos sujets<br /> et points de départ sont apparemment aux antipodes, mais ... Ne penses-tu pas qu'au lieu d'être une conclusion, l'idée de "faire autrement avec respect" se révèle devenir la trame, le support,<br /> voire le fil conducteur des actions humaines, scientifiques, certes, mais politiques, sociales, bref comportementales dans tout ce sur quoi nous, homuncules repentis, nous avons une influence...?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci Danielle, je partage le même sentiment mais suis conscient du chemin qui reste à parcourir. Il y a encore du boulot !<br /> Michel<br /> <br /> <br />