Bérénice venait de terminer son exposé sur la biodiversité en insistant sur l’importance du Triton crêté, comme espèce caractéristique de certaines zones humides, gages d’équilibre des écosystèmes.
Lucas leva la main pour poser une question : Mais qu'estce que ça peut bien faire si le triton crêté disparaît ? Ce n'est pas la fin du monde tout de même !
Effectivement, la disparition de cet amphibien (Triturus cristatus) ne va pas changer la face du monde ! Mais il est révélateur de l’état du milieu naturel et donc de la qualité de notre milieu à nous, les Humains. Il s’agit d’un triton de grande taille qui peut mesurer jusqu’à 18 cm. Au printemps, au moment de la reproduction, les mâles de cette espèce présentent une crête dentelée ; ils fréquentent alors les milieux aquatiques. Cette espèce est très sensible à la pollution et la modification des milieux, c’est pourquoi elle préfère les grandes mares ensoleillées comportant une abondante végétation. Depuis une trentaine d’années le Triton crêté s’est considérablement raréfié pour diverses raisons : urbanisation, aménagements routiers, pollutions agricoles, comblement des mares, etc. Si le Triton crêté disparaît d’une zone géographique, c’est le résultat de modifications du milieu, c’est la conséquence de dégradations de l’environnement qui peuvent être préjudiciables à notre cadre de vie et à notre santé.
C'est là une chose simple, mais toujours difficile à expliquer. Bérénice reprit alors son commentaire, en s’appliquant à davantage de pédagogie :
Nous sommes confrontés, nous les écologues, à une difficulté culturelle. Depuis des siècles on nous rabâche que l’Homme domine la nature, que la nature est à notre service, qu’elle est faite pour être exploitée… Mais en fait, nous faisons partie de la nature, nous sommes dépendants de la nature, nous en avons besoin à tout moment pour nous nourrir, nous habiller, nous loger, ou toute autre activité… Si bien que ce n’est pas le Triton crêté en lui-même qui est indispensable, mais la nature dans son ensemble, parce que c’est notre milieu de vie. Dans ce contexte, la disparition d’une espèce sauvage est une alerte. Nous les Humains, sommes aussi une espèce « naturelle ».
La « leçon » fut simple et bien comprise. C’est Lucas qui tira la conclusion : Si je comprends bien, plus de nature, plus de bonshommes !