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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 08:57

         Dans la nuit du 4 au 5 octobre 2008, le Grand Mont de Sigy a eu un frémissement. Non pas que la « Petite Auvergne » se soit réveillée, mais il était encore tout émoustillé des caresses d’une multitude de pieds sur ses flancs. C’est qu’il n’avait jamais vu autant de monde à la fois. Avant de s’assoupir à nouveau, il nous a assuré que si vos pas vous conduisent encore vers lui, un prochain mois de mai, il vous offrira ses plus belles orchidées sauvages. Le lendemain, 5 octobre, à nouveau une centaine de randonneurs partaient de l’église, en sens inverse, pour gagner la cuesta nord. Le village… planétaire, c’était donc vrai !

C’est que le 4 octobre, pour fêter ma retraite professionnelle, la jubilacion, vous êtes venus nombreux (une centaine de personnes de tous horizons, sans compter les excusés pour cause d’engagements préalables ou d’éloignement géographique et pour lesquels nous avons eu une pensée). Votre seule présence était pour moi un cadeau inestimable. Mais beaucoup d’entre vous ont souhaité ajouter des macarons, noix, potiron, livres, bouteilles, fleurs, arbustes, chèques, disques, objets d’art… et aussi messages téléphonés ou courriels. Vous avez été formidables !

Nicole a rappelé les débuts d’un parcours d’un demi siècle. Thierry a complété la biographie et insisté sur mon « caractère vrai ». Serge a laissé croire que j’allais sauver la planète… Les comédiens ont agrémenté le repas (http://theatreennormandie.com/aumoulindesigy.aspx). Les discussions sont allées bon train et les connaissances nouvelles ont complété les retrouvailles d’amis anciens. Vous avez été formidables !

Après un vendredi de pluie incessante et un dimanche de pluie… incessante, le samedi fut radieux et se termina dans notre jardin au soleil couchant, parmi arbres et arbustes, fleurs et pommes. Vous avez été formidables !

Quelle douceur d’être un jubilado  parmi ses amis. Merci à tous et à bientôt.

 

Voir aussi nos chroniques « Faire passer le message » du 22-04-08 ; « Il est mort le Grand Mont ? » du 13-05-08 ; « Quel cinéma ! » du 15-07-08 et « C’est la retraite ? » du 16-09-08.

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30 septembre 2008 2 30 /09 /septembre /2008 08:52

L’hiver dernier, en Normandie, mais sans doute aussi ailleurs, il a été abattu beaucoup d’arbres, notamment dans les haies. La raison en est simple : avec le renchérissement des énergies fossiles, le bois est redevenu un combustible intéressant pour le chauffage des habitations. C’est une très bonne nouvelle, d’autant plus que nombre de collectivités, en plus des particuliers, envisagent l’installation de chaudière au bois. Le bois-énergie présente en effet de nombreux avantages par son caractère renouvelable et largement disponible : il est neutre par rapport à l’effet de serre et son utilisation contribue à une gestion profitable aux paysages et à la biodiversité. Différentes formes d’utilisation de ce combustible sont possibles selon les provenances : bûches (bois brut), granulés (sous-produits des scieries et menuiseries) ou plaquettes (bois déchiqueté).

Mais si l’on a vu beaucoup d’arbres abattus, on en a vu peu de plantés et les haies gérées en vue de la production de bois restent très limitées en linéaire. Il faut en effet prendre garde à assurer l’approvisionnement sur le long terme, pour ne pas prendre le risque de devoir importer du bois de contrées lointaines, comme l’Europe centrale. Le développement du chauffage au bois doit être mené en parallèle avec la mise en place d’une filière de production organisée de façon pérenne et respectueuse de l’environnement.

A la suite du Grenelle de l’Environnement, le gouvernement français a souhaité mobiliser 12 millions de mètres cubes supplémentaires de bois d’ici à 2012 (construction et énergie). Un gisement important semble constitué par les boisements privés, souvent de petites surfaces et peu ou mal gérés. Ce serait une bonne façon de valoriser ce patrimoine, à condition toutefois de le gérer sur le long terme et avec une approche transversale qui ne vise pas seulement la rentabilité à court terme, mais la garantie d’une production pérenne alliée à la préservation de la biodiversité. Par le passé, on a détruit nombre de zones humides en les transformant en populicultures, ne refaisons pas la même erreur en plantant systématiquement, par exemple, des pelouses calcicoles. La biodiversité y perdrait au profit de l’énergie…

On peut consulter avec profit les publications de l’AREHN, dont « Chaudières et poêles à bois » dans la collection Connaître pour agir : http://www.arehn.asso.fr et le site du Pays de Bray http://www.paysdebray.org qui met en place actuellement une filière bois-énergie.

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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 08:20

Il est frappant de constater combien il est rare de voir mentionner dans les catalogues des pépiniéristes les qualités requises du sol pour planter des végétaux. Pourtant les plantes ont des exigences, des préférences ou des refus par rapport à la qualité du sol, selon qu’il est calcaire ou acide, filtrant ou pas, pollué ou pas, etc. Cette lacune est révélatrice d’un manque de culture (sans mauvais jeu de mots) sur les sols, ou pour le moins d’une indifférence à leur structure et leur fonctionnement.

Ce qui vaut pour l’horticulture vaut encore davantage pour les cultures vivrières. Si la Terre doit porter bientôt, comme le prévoient les démographes, 9 milliards d’habitants, la qualité des sols et leur aptitude à l’agriculture pourrait bien devenir une préoccupation majeure. Certains pédologues (spécialistes des sols) s’inquiètent des atteintes répétées sur les sols depuis quelques décennies : pollutions diverses dont les pesticides à hautes doses, déforestation, érosion, urbanisation, irrigation ou drainage mal contrôlés, etc. C’est ainsi près d’un quart des terres utilisables sur la planète qui sont dégradées, sur tous les continents. On compte sur la planète 13,5 milliards ha de terres émergées, dont 22 % peuvent être cultivées, la moitié de celles-ci (3 milliards ha) étant effectivement exploitées.

Alors qu’il va falloir augmenter fortement la production agricole si l’on veut nourrir la plus grande part de l’humanité (nourrir 9 milliards d’hommes relève aujourd’hui du défi quasi insurmontable), la proportion de sol par habitant ne cesse de se réduire. Non renouvelable, ou à une échelle de temps très longue, les sols devraient être considérés comme un patrimoine mondial à protéger.

En France même, chaque année, ce sont 60 000 ha de terres arables qui disparaissent du fait de l’étalement urbain, soit l’équivalent d’un département en 10 ans. Du fait des modifications climatiques, les sols vont être rendus plus fragiles encore : alternance de sécheresses et périodes très pluvieuses qui vont amplifier l’érosion.

Des solutions, au moins partielles, existent et sont déjà mises en œuvre : diminution des intrants et des pesticides, recyclage des débris végétaux, gestion du paysage en hydraulique douce, etc. Mais, comme souvent en matière d’environnement, il faudrait faire davantage et plus vite. Ainsi, résultat global sans doute de cette dégradation, les rendements des cultures plafonnent en Europe, ce qui pourrait s’expliquer par l’appauvrissement en matière organique des sols, constaté sur 45 % des surfaces. Pour nourrir toute l’humanité en 2050, si toutefois cela est possible, il y a urgence à protéger les sols.

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16 septembre 2008 2 16 /09 /septembre /2008 07:53

         Quel vilain mot français que la retraite : « action de se retirer du monde, de la vie professionnelle »… (Dictionnaire Quillet). En fait, mieux vaut le dire en espagnol, la jubilacion. C’est quand même plus confortable d’être un jubilado !

Dans ma chronique du 22-04-08, « Faire passer le message », j’évoquais ce passage d’une vie professionnelle bien cadrée à une vie personnelle plus ouverte. Nous y voilà, après une décennie passée au Museum de Rouen, une autre à diriger l’Observatoire Régional de l’Environnement de Haute-Normandie, puis deux à exercer la profession de consultant en environnement. Une page est tournée, tout en continuant de façon limitée mon activité de consultant :

-         Port Autonome de Rouen

-         Institut de Formation de l’Environnement (MEEDDAT)

Par ailleurs, j’interviens à titre bénévole dans certaines instances, avec la même volonté de « faire passer le message » :

-         Commissions municipales (Urbanisme, environnement) – Décision du Conseil municipal de Sigy-en-Bray / Saint-Lucien d’avril 2008 – Membre non élu.

-         Conseil d’administration du Lycée Delamare Deboutteville de Forges-les-Eaux - Nomination par le Conseil Régional de Haute-Normandie du 20 novembre 2006 – Personnalité qualifiée.

-         Comité d’experts de l’éco-quartier de la Cartonnerie de Pont-Audemer – Nomination par le Maire de Pont-Audemer du 20 juin 2008 – Expert environnemental.

-         Comité de Pilotage du site Natura 2000 des cuestas du Pays de Bray – Arrêté préfectoral du 11 juillet 2006 – Usager du site.

-         Conseil de développement du Pays de Bray – Nomination par le syndicat mixte du 18 mars 2008 – Personne ressource et membre du bureau.

-         Comité économique et social du Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande – Nomination par le Syndicat mixte du 3 juillet 2008 – Collège environnement.

-         Comité de pilotage de l’Agence Régionale de l’Environnement en Haute Normandie – Nomination par le Conseil d’administration en avril 2008 -  Membre.

-         Comité Régional de l’Evaluation de Haute-Normandie – Arrêté du Préfet et du Président de Région du 13 février 2001 – Expert.

-         Association Les Chemins de Traverse – Election par le Conseil d’administration du 14 mai 2005 – Vice-président.

-         Groupe d’Etude de l’Histoire de la Protection de la Nature et de l’Environnement en France – Membre en 2008.

-         Groupe de travail Nord-Sud sur l’évaluation environnementale des petits projets – Nomination par le Secrétariat International Francophone pour l’Evaluation Environnementale en 2005 - Co-animation avec Georges Lanmafankpotin du Bénin.

N’y a-t-il pas là de quoi… jubiler : «  éprouver une joie vive et expansive » (Dictionnaire Quillet)

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 09:07

         Il a été beaucoup question de la pêche ces derniers temps. La pêche est restée, en effet, une activité de cueillette qui exploite pleinement une bonne moitié des stocks de poissons et en surexploite un quart. On estime que seulement 1 % du stock est en voie de reconstitution. C’est dire que la faune marine est en forte régression. L’aquaculture supplée, en partie, ces diminutions de stocks sauvages, en fournissant aujourd’hui 43 % de la consommation contre 9 % en 1980. Malgré cela, la consommation de poisson tend à diminuer en France, du fait des prix jugés trop élevés.

L’exemple du thon rouge est très significatif. Menacé par la surpêche, il risque de disparaître de l’Atlantique et de la Méditerranée si les prises ne sont pas limitées de façon drastique. Mais la préservation d’une espèce menacée ne va pas de soi et les mesures prises par la Commission Européenne créent la polémique… Une affaire bien compliquée, d’autant plus que le premier consommateur de thon au monde est le Japon (un quart de la consommation mondiale dont 70 % des thons pêchés en Méditerranée). Ceci expliquant cela, le prix du thon rouge a augmenté de 40 % depuis le début 2008, ce qui en fait un enjeu économique très important.

Cet exemple est révélateur de la difficulté que présente la préservation de la biodiversité sur le long terme face à des intérêts économiques de courts termes concernant une petite population. Là où les politiques peinent à expliquer clairement les enjeux et prendre les décisions qui s’imposent, comme pour beaucoup d’autres problématiques, les consommateurs peuvent aussi faire valoir leur point de vue. Ainsi en Suède, la journaliste Isabella Lövin a publié il y a un an l’ouvrage « Mer silencieuse » pour alerter l’opinion publique. Depuis, certains restaurants suédois, des maisons de retraite et même des centrales de grande distribution boycottent les poissons menacés. Ce boycott pourrait s’étendre à toute l’Europe. En France, Auchan a cessé de vendre du thon rouge.

Mais la première espèce à disparaître sera sans doute celle de pêcheur. Bien sûr qu’il faut prendre des mesures de solidarité vis-à-vis de cette profession, mais faire croire que l’on va aider les pêcheurs en injectant de l’argent dans le circuit de production est pure démagogie. Quand les stocks sont bas, ou bien on réduit la consommation, ou bien on épuise les stocks, considérant qu’il n’y a pas de lendemain…

En premier lieu, la profession de la pêche doit se remettre en cause, modifier sa façon de travailler, gérer les stocks sur le long terme et aller vers une pêche durable, comme il existe par ailleurs une agriculture durable. Ainsi on pourra associer la pêche à une économie littorale de qualité plutôt que rechercher des marchés mondiaux trop peu scrupuleux.

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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 08:19

       Nous voici donc à l’heure de la RGPP. La Révision Générale des Politiques Publiques se met en place pour une application effective en région au 1er janvier prochain. Après une réorganisation des administrations centrales, c’est au tour des directions régionales de se réformer, amorçant ainsi la suppression de la présence de l’Etat dans les départements. Concernant l’environnement, le plus notoire à ce niveau sera le regroupement des DDAF et DDE en une DDT (Direction Départementale des Territoires). Il reste toutefois à régler quelques questions de calendrier et d’appellations définitives…

Au niveau régional, le nombre d’entités sera ramené à huit, dont une DRAAF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) et surtout une DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). La DREAL devra correspondre aux attributions du grand ministère qu’est le MEEDDAT (Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire). Ce ministère se réorganise lui même en six directions générales (énergie et climat - infrastructures, transports et mer - aviation civile - aménagement, logement et nature - prévention des risques - sécurité et circulation routière).

Le simple énoncé des appellations témoigne de la rigueur de la réforme ! Le ministre lui-même est bien en peine de donner le nom exact de son ministère… Les libellés sont quasi illisibles par le public… Dans un « grand » ministère de l’écologie, la nature n’apparaît plus que comme une sous-partie de l’aménagement et du logement… Bref, c’est un gribouillis de réforme, appuyé pour partie sur le reclassement des « grands corps » de l’Etat…

Sans doute, réformer l’Etat pour économiser 7 milliards d’euros d’ici à 2011 est-il louable. Cette économie se traduira par la suppression de 3 500 postes au « grand » ministère de l’écologie, pourquoi pas. Mais avant de décharger l’Etat de certaines de ses prérogatives, peut-être faudrait-il avoir re-défini ses fonctions et celles des multiples collectivités territoriales. Dans ce contexte, la superposition des collectivités et territoires y afférant n’en facilite pas la lecture et exige une réforme drastique.

Le développement soutenable devrait relever directement du Premier ministre et constituer l’ossature même du gouvernement et de sa politique. Le gouvernement (et les directions régionales) serait alors structuré autour de quatre grands ministères : environnement, économie, société et gouvernance.

La lecture serait plus aisée et on pourrait pratiquer vraiment le développement soutenable et pas seulement discourir. Chiche !

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 10:29

       En ces temps difficiles et perturbés pour notre environnement, nous sommes à la recherche d’exemples positifs, même ponctuels, pouvant être reproduits sur un territoire plus grand. L’île de la Réunion, dont le slogan touristique fut longtemps « l’île intense » pourrait bien constituer un de ces exemples.

Ce petit caillou de l’archipel des Mascareignes, dans l’Océan Indien, de 60 km dans sa plus grande longueur, compte en effet 765 000 habitants sur 2 500 km2. Le relief, de 0 à un peu plus de 3 000 m, un volcan en activité et trois cirques de volcans éteints, une pluviométrie qui varient selon les endroits de presque rien à 7-8 m par an, font de cette île un lieu paradisiaque de dépaysement, mais aussi un espace de compétition entre l’homme et la nature.

La Réunion constitue en effet l’un des 34 « points chauds » de la biodiversité mondiale, et c’est à ce titre qu’a été inauguré en juillet dernier le 9e parc national français. Ce parc couvre 100 000 ha soit 40 % de la superficie de l’île ! Il abrite une végétation primaire restée intacte pour un tiers, protégée par un relief difficile. Ainsi la diversité biologique considérable, comme les fougères arborescentes, s’ajoute à la diversité époustouflante des paysages et écosystèmes qui vont de la savane à la forêt tropicale humide.

Mais l’île est partie pour compter un million d’habitants en 2030, sachant qu’actuellement le chômage touche plus de 20 % de la population. Les craintes sont fortes localement de devoir sacrifier des projets de développement pour sauvegarder la biodiversité.

Pourtant la Réunion, comme d’autres territoires de l’outre-mer européen, est un « géant écologique » qui risque d’être très exposé aux modifications climatiques. Ces territoires vont être ainsi, de fait, des réservoirs de biodiversité qu’il convient de protéger absolument, mais aussi des écosystèmes très exposés et des terrains d’expérience incomparables pour tenter de trouver des solutions transposables ailleurs. Les barrières de corail, qui abritent les deux tiers de la biodiversité marine, sont déjà concernées par ces bouleversements (voir notre chronique du 26-02-2008, « pourquoi une année corail ? »).

Qu’en sera-t-il de la compétition pour l’espace sur ces petits territoires ? Saurons-nous trouver les bons compromis entre l’homme et la nature. Les résultats seront déterminants et éclairants en terme de prospective à l’échelle du siècle…

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19 août 2008 2 19 /08 /août /2008 09:30

Après quatre mini-nouvelles d’été, nous reprenons nos chroniques « sérieuses ».

 

Depuis quelque temps, en France, le pouvoir d’achat est au centre des préoccupations des habitants, des politiciens et des médias. Ceci s’explique d’abord par le renchérissement des produits agricoles et des matières premières, notamment du pétrole. L’explosion des prix des denrées alimentaires est due à la demande accrue des pays émergents, à la réduction des surfaces cultivées (urbanisation, érosion, agro-carburants) et aux modifications climatiques (sécheresses, inondations, tempêtes).

Chacun voudrait pouvoir acheter toujours plus. En réalité, et malgré les idées reçues, le pouvoir d’achat a beaucoup progressé depuis quelques décennies : ainsi en 20 ans en Ile-de-France, le nombre de ménages possédant plusieurs voitures a doublé. De plus, les consommateurs ont accédé à de nouveaux services dont il ne peuvent plus se passer (téléphone mobile, internet) réduisant du même coup les disponibilités pour les dépenses de base. Dans les pays occidentaux, la part de l’alimentation dans le budget des familles n’est plus que de 10 à 20 %, alors qu’elle est encore de 60 à 90 % pour les pays pauvres, les plus contraints. N’oublions pas que le « milliard d’en bas » des plus pauvres de la planète vit avec moins d’un dollar par personne et par jour ! Un peu de pudeur ne nuirait pas aux gens des pays développés…

A défaut d’acheter plus, on peut sans doute acheter mieux. De  plus en plus, les Français font du respect de l’environnement un critère de choix très important pour leurs achats. Le « GPS de la consommation » que constitue la publicité a peut-être du souci à se faire. Plutôt que « chiens savants » de la consommation, les Français deviennent des « éco-consommateurs » responsables. Une nouvelle communication sur les achats suppose des données plus lisibles, plus transparentes et plus indépendantes. Il reste beaucoup de travail à faire à cet égard, ce qui suppose une fois de plus, que le politique anticipe les besoins, encadre les entreprises, plutôt que d’être à la remorque des lobbies… Il faut aussi que les consommateurs acquièrent une meilleure connaissance des coûts réels. Ainsi le prix payé par les familles pour les cantines scolaires représente environ la moitié du coût réel, et celui des transports publics, de l’ordre de 30 %, le contribuable payant le reste.

         Si le pouvoir d’achat, c’est la valeur équivalente d’un salaire en marchandises et services, le pouvoir d’acheter c’est la possibilité d’agir librement sur ses acquisitions. A chacun d’en décider.

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 09:52

La moitié du siècle était maintenant passée. Après avoir contourné le « Fer à cheval », ils étaient là tous les trois, assis sur un banc, au niveau du petit belvédère qui avait été aménagé depuis longtemps déjà sur le Grand Mont. Ils regardaient en bas, en silence, comme chaque fois qu’ils se retrouvaient là ensemble, avec cette fois-ci un sentiment de plénitude, de satisfaction du devoir accompli. Depuis ce « sommet » (un peu ridicule avec ses 185 mètres !) ils se sentaient au-dessus du monde, dominant à l’est la vallée de Bray, à l’ouest le « village planétaire » tel qu’il fut appelé parfois dans le passé.

Le village avait beaucoup changé depuis quelques décennies. Son centre offrait maintenant des habitations d’un type nouveau, regroupées à plusieurs, avec des balcons, terrasses, patios, qui permettaient de profiter de la campagne sans s’isoler derrière des « murs verts », avec des espaces de convivialité et même un mini centre commercial !

La profession ancestrale de paysan avait opéré une véritable révolution en diversifiant ses productions, les axant sur le maraîchage, mais aussi l’élevage de volailles. Les paysans vendaient leurs produits localement, en vente directe au restaurant de l’école et pour approvisionner les commerces locaux. Du coup le paysage en avait été transformé, retrouvant son caractère bocager qu’il avait perdu depuis des lustres.

Sur la route en contrebas circulaient de nombreux taxis électriques qui permettaient aux gens de se rencontrer, de venir depuis les hameaux à la salle polyvalente pour la danse, la gym, les spectacles, à la mairie transformée en « maison des services ». Un vrai succès !

Là haut, tous les trois se remémoraient leur investissement professionnel et personnel pour « refaire le monde », là où ils résidaient. Ils avaient contribué à cette grande aventure, avec des millions d’autres, et avaient réussi à redonner du sens à la vie en société. Victor eut cette remarque amusée : « Quand on était gamins, on prenait tout ça pour des blagues. En fait, la grosse blague, c’est qu’on nous promettait une vie de chien et, en réalité, notre vie est un rêve. » Emma répliqua que « Pour un gars qui est tout le temps parti sur la Lune, c’est pas étonnant que ce soit un rêve… » Lucien, dans le rôle de l’aîné, parlant déjà comme un sage, coupa court : « On a réussi à sauver la terre, veillons à ne pas refaire les mêmes bêtises sur Mars. » Puis ils firent silence.

Le soleil déclinait lentement en cette fin d’été. Il était 19 heures, l’angélus sonna au clocher de l’ancienne abbaye (tradition maintenue et enfin laïcisée), établissant un pont entre le 11ème et le 21ème siècle. Une minuscule grenouille arrêta sa course, fit un saut de côté, puis disparut. L’aîné des trois eut ce mot de fin : « quelle splendeur ! »

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5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 08:50

Toute petite déjà, elle était enjouée, enjôleuse même et déterminée, indépendante.

Depuis le jardin corrézien de son enfance, elle apercevait, très très loin, le massif du Sancy. De longue date, elle sut que c’était là qu’elle s’installerait un jour. Ce qu’elle fit.

Elle était devenue « sourilleuse ». Ce nouveau métier, dont le nom résultait de la contraction de sourire et travailleuse, avait acquis ses lettres de noblesse depuis que ces gens-là avaient révolutionné les campagnes en apportant des services aux plus âgés, aux plus démunis ou simplement aux habitants d’un petit territoire. Tantôt infirmière ou assistante sociale, elle était aussi l’animatrice d’un réseau rural d’entraide, de convivialité, voire d’amitié ; elle était le sourire de son pays, tour à tour conseillère et confidente.

Son compagnon, rencontré dans les monts Dore, était paysan. De cette « nouvelle race de paysans » qui avait contribué à réinventer une agriculture de proximité, respectueuse du milieu naturel, prodigue en fruits, légumes ou volailles de qualité, mais aussi en paysages restaurés.

Ainsi ensemble, ils avaient contribué à retisser un lien social très fort dans les campagnes, en harmonie avec la nature.

Un jour que le soleil sombrait enfin sur le plateau de Millevaches, après une journée harassante de chaleur, Emma regarda son compagnon fixement dans les yeux, avec son sourire, toujours séducteur et un rien dominateur. Elle le fixa longuement, sans mot dire, puis d’une voix douce et décidée, lui déclara : « fais-moi un enfant, maintenant on est sûr qu’il pourra être heureux dans ce pays que nous avons mis si longtemps à reconstruire ». Et… le monde allait pouvoir continuer.

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