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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 09:14

 

        L’Académie des sciences publie un dossier intitulé « Libres points de vue d'Académiciens sur la biodiversité » (www.academie-sciences.fr/actualites/textes/points_vue_07_07_10.pdf), à l’occasion de l’Année internationale de la biodiversité. Ce dossier présente les réponses de différents membres de l’Académie, aux questions suivantes : Qu'est-ce que la biodiversité ? Quelle est l'importance écologique de la biodiversité ? Quels sont les principaux bénéfices de la biodiversité pour les hommes et leurs sociétés ? Quels sont les faits nouveaux qui suscitent des inquiétudes chez les scientifiques ? L'homme et la biodiversité. Qu'en est-il pour la France ?

         Près de 2 millions d’espèces animales et végétales ont été décrites pour un nombre réel de l’ordre de 10 millions. La diversité écologique est issue de l’évolution, ce qui explique que des espèces et des écosystèmes apparaissent ou disparaissent au fil du temps. Mais le rythme de disparition semble s’être accéléré à l’époque contemporaine, du fait de l’expansion démographique humaine, de la destruction des habitats naturels, de la surexploitation des ressources naturelles, des pollutions et espèces invasives et des changements climatiques. La Conférence des parties de la convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies s’était fixé, en 2002, l’objectif de réduire de façon significative la perte de biodiversité d’ici à 2010. Cet objectif n’a pas été atteint. Au contraire, la perte massive de biodiversité (forêts, lacs, récifs coralliens, notamment) a commencé et va entraîner une réduction forte des services rendus par les écosystèmes aux sociétés humaines. Des actions urgentes et d’une ampleur sans précédent sont donc nécessaires, c’est dans cette perspective que le 11 juin 2010, a été créée la plate-forme inter-gouvernementale d’interface science-politique sur la biodiversité et les services rendus par les écosystèmes (IPBES), soit l’équivalent du GIEC pour le climat.

Ce qui frappe à la lecture, c’est le consensus extrêmement large sur le fait que la biodiversité est indispensable à la survie de l’homme, qu’elle est menacée et qu’il est urgent de prendre des mesures drastiques. C’est ainsi que, dans cette semaine à Nagoya, au Japon, lors d’une conférence de l’ONU, la protection de la biodiversité sera un enjeu essentiel, dans la mesure où la disparition des espèces et écosystèmes à un rythme accéléré pénalise en premier lieu les populations les plus pauvres.

Pour qu’un message aussi simple et primordial puisse trouver écho auprès du grand public, je ferai mienne la formule de Robert Barbault, écologue au Museum national de Paris, cité dans le dossier : « La biodiversité, c’est le passage du concept de l’homme et la nature à celui de l’homme dans la nature à tous égards, pour le meilleur et pour le pire ».

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 08:18

 

Après 2010 l’année de la biodiversité, voici 2011, l’Année internationale de la chimie. Voilà une bonne occasion de s’interroger sur le sens des mots. Que n’a-t-on entendu dire du mal de la chimie. A bas les produits chimiques et vivent les produits naturels ! Oui, bien sûr, mais que signifient vraiment ces expressions ? Dans le langage populaire, produit chimique rime avec pollution et toxicité, alors que produit naturel s’accorde avec bienfaits et santé. Mais voilà, un produit chimique comme le chlore est abondant dans la nature, en lien direct avec le sel de table, nécessaire à de nombreuses formes de vie ; et un produit naturel, comme la pomme de terre peut produire des fruits très toxiques (à ne pas confondre avec les tubercules que l’on mange). Autre exemple troublant, l’if commun est au arbre fréquent sur les sols calcaires. Toute la plante est toxique (200 mg/kg suffisent à tuer un cheval) sauf la minuscule baie. En 1971, les chimistes ont isolé une molécule, le taxol, puis en 1980, le taxotère encore plus efficace pour soigner certains cancers. On pourrait ainsi multiplier les exemples montrant la dualité des produits chimiques ET naturels, ou l’inverse. De fait, la chimie est présente partout, discipline à la frontière de la biologie dont il est parfois difficile de la dissocier. Ainsi, la chimie de synthèse, sans doute la plus redoutée du grand public, offre la possibilité de créer des substances plus performantes que celles issues directement de la nature.

Bien sûr, la mauvaise réputation de la chimie est une rémanence d’accidents dus parfois à un manque de précaution, voire des négligences. Les accidents de Bhopal (explosion d’une usine de pesticides en Inde en 1984, faisant entre 3 500 et 25 000 morts selon les sources) ou d’AZF (explosion d’un stock de nitrate d’ammonium à Toulouse en 2001, faisant 30 morts et 2 500 blessés) sont dans toutes les mémoires, par exemple. En ce moment même, la rupture d’un réservoir dans une usine de production d’aluminium, en Hongrie, résulte sans doute de l’effet conjugué de fortes pluies et de négligences de l’industriel…

Sans doute des progrès peuvent-ils être encore réalisés, mais la profession de la chimie française, globalement consciencieuse, est soucieuse aussi de son image. C’est pourquoi, en 2009, une charte déontologique a été signée qui l’engage à « améliorer constamment la connaissance de l’impact des substances chimiques sur la santé et l’environnement ». A cette démarche volontaire, s’ajoute un cadre réglementaire très strict (le programme européen REACH de 2006, entre autres) pour la gestion des substances chimiques afin de les enregistrer, les évaluer et les autoriser ou non sur le marché. Puisse la chimie être associée à l’idée de santé de l’environnement ET santé des citoyens ; à chacun de faire un effort de sémantique pour ne pas tout mélanger.

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 08:09

 

         Du fait de son essor, le bloc asiatique laisse souvent perplexe, bien que de nombreux signes nous rendre optimistes. La Chine, qui prévoit un milliard de citadins pour 2030, semble entraînée vers toujours plus de croissance. Mais, dans le même temps, les écocités se multiplient, les règlements et incitations poussent au recyclage, ce sont autant de possibilités de réelles avancées. Voir aussi « Une Chine écolo ? » www.michel-lerond.com/article-20514236.html  Plus étonnant encore, le gouvernement chinois n’hésite pas à contraindre les industries les plus énergivores (2 087 usines en août 2010), allant jusqu’à couper l’électricité en cas de non respect des consignes. La multiplication des affaires liées à la pollution a fait prendre conscience du facteur d’instabilité sociale qu’elle représente. Certes les défis à relever sont immenses, mais la Chine semble avoir compris le double intérêt environnemental et économique que représentent les énergies alternatives, les véhicules hybrides ou électriques et l’économie décarbonée.

De même, en Inde, le gouvernement n’hésite plus à bloquer, voire annuler, des projets industriels. C’est ainsi une centaine de projets qui ont été annulés en 2009, suite à des études d’impact environnemental, en raison des effets négatifs sur la biodiversité, la qualité de l’air ou la sécurité de la population. L’industriel minier français Lafarge a découvert cette nouvelle politique, à ses dépens.

          La Russie n’est pas en reste. Longtemps à des années lumière des préoccupations environnementales, voilà que des mesures sont prises pour économiser l’énergie, informer les téléspectateurs sur les problèmes écologiques ou anticiper les risques liés au réchauffement climatique. Suite à la canicule de l’été 2010, le pouvoir en place a pris conscience de la vraie dimension politique du mouvement écologiste russe… qui pourrait devenir menaçant. C’est ainsi que le 26 août, le président russe a fait stopper la construction de l’autoroute Moscou-Saint Pétersbourg parce qu’elle détruisait 144 hectares de forêt. Opportunisme ou changement de cap, ou les deux ?

          Plus à l’Est encore, le Japon s’interroge sur son déclin économique et prend conscience des bienfaits d’une croissance modeste, fruit d’une économie relocalisée.

          Quoi qu’il en soit, la route sera longue et cahotique vers un équilibre environnemental, mais l’espoir est là. Cela ne se fera pas sans réformes des systèmes politiques. La préservation de l’environnement suppose que les citoyens soient associés aux décisions, que le pouvoir soit partagé, en un mot que la démocratie fonctionne ; c’est ce que viennent de rappeler journalistes, universitaires et la prestigieuse Académie des sciences sociales, au pouvoir chinois.

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 18:11

 

Il est d’usage dans les villages qu’une quête soit faite à l’occasion d’un mariage pour aider financièrement telle ou telle association. Lors de notre mariage, en 1967, mon épouse et moi avions proposé que l’argent de la collecte soit envoyé à l’Unesco pour le comité de lutte contre la faim, ce qui fut fait, même si bien peu de gens connaissaient l’Unesco et encore moins imaginaient que quelque part on puisse mourir de faim…

Dans notre grande naïveté, nous pensions que cette œuvre charitable contribuerait à faire que ce fléau ne soit bientôt plus qu’un lointain souvenir. Plus de 40 ans plus tard, la faim est toujours là et nous avons même dépassé le milliard d’affamés sur la planète en 2009. En 2005, la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estimait le nombre de sous-alimentés à 870 millions. Ils étaient 923 en 2007 et 963 en 2008, alors que « l’Objectif du Millénaire » était de ramener ce nombre à 420 millions en 2015. L’échec est avéré, même si l’année 2010 marque un léger recul à 925 millions, en raison d’une conjoncture favorable. Ce sont l’Asie (578 millions d’affamés) et l’Afrique subsaharienne (239 millions) qui sont les plus touchés. Mais on compte aussi 53 millions de sous-alimentés en Amérique latine, 37 millions en Afrique du Nord et Proche Orient, et 19 millions dans les pays développés (chiffre en augmentation).

La FAO n’a cessé de préconiser l’investissement dans l’agriculture et un soutien aux petits producteurs, pour assurer la consommation locale plutôt que développer les exportations vers les pays développés. Ces préconisations sont suivies, en partie, par exemple pour promouvoir en Afrique l’agroécologie, une agronomie qui s’appuie sur des bases écologiques et vise en priorité les cultures vivrières. Il faudrait aussi pouvoir recréer des marchés régionaux, pour ne pas tout sacrifier à la mondialisation voulue par l’Organisation mondiale du commerce et limiter les rachats de terres par des opérateurs étrangers pour produire des agrocarburants destinés aux pays européens… Sans doute faudrait-il également éradiquer la corruption qui sévit, ici ou là. Ainsi, l’Inde croule sous les réserves de riz et de blé, mais la distribution est minée par la corruption au point de laisser périr 11 millions de tonnes de céréales ! Alors que le pays s’enrichit, la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.

Outre les aspects organisationnels et le retour à l’agriculture vivrière, il faudra aussi s’interroger sur la nature des produits alimentaires. Ainsi, la substitution de larve d’insectes à la viande et au poisson est une piste envisagée par la FAO pour espérer nourrir 9 milliards de Terriens en 2050. Les insectes présentent un meilleur rendement et demandent moins d’eau. Un congrès international d’ « entomophagie » est même prévu pour 2012.

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 08:13

 

Le monde est devenu si complexe que chaque individu doit, en permanence, s’en remettre à la compétence des autres, y compris pour des choix simples de la vie de tous les jours. C’est alors que croît le doute, entre information et intoxication, entre besoins nouveaux et publicité commerciale ou entre vérité scientifique et charlatanisme… Les moyens de communication ou de déplacement nous donnent une impression de liberté et d’autonomie immense, encourageant en cela un individualisme exacerbé, alors que nous sommes dans une dépendance de plus en plus forte de ceux qui maîtrisent ces techniques ou qui ont un avis autorisé sur l’évolution de la planète. Cette situation génère des tensions, tant sur le plan politique (voir aussi http://www.michel-lerond.com/article-entendez-vous-dans-les-campagnes-56211750.html), que sur le plan de la vérité scientifique, nécessairement partielle et provisoire. C’est donc sur la confiance, ou pas, que se fonde notre vision de l’avenir. Alors que le futur est à inventer, après les génocides et dégradations environnementales du 20ème siècle, une peur diffuse s’installe. Ni la politique, ni la nature ne nous ont apporté le réconfort attendu, mais au contraire ont mondialisé nos angoisses, généralisant une crainte de l’avenir, notamment chez les jeunes.

Cet état d’esprit est particulièrement prégnant à propos du débat sur le climat. Dans une société qui a fait du progrès technologique une quasi religion, peut-on accepter de réparer les dégâts des modifications climatiques en réduisant notre consommation, de prévenir les catastrophes en gérant la nature avec économie ? Le plus simple est peut être de douter… pour ne pas décider.

Le tintamarre médiatique traduit mal les enjeux majeurs relatifs au climat, à la biodiversité ou au développement économique des sociétés humaines et permet difficilement de comprendre les interrelations entre ces enjeux. La tentation est alors grande pour le citoyen mal informé de rejeter tout en bloc en critiquant « allègrement » tous ces slogans partisans. Le schéma de pensée dominant est en fait toujours le même : il faut croire à la capacité de progrès technique, ne laissons pas s’installer l’obscurantisme, on finira par trouver des solutions, la nature est faite pour être asservie, etc. Les tenants du rationalisme scientifique, peu enclins à se remettre en cause, doivent bien l’admettre : l’optimisme, c’est anticiper les problèmes d’un monde fini pour tenter de les résoudre, plutôt qu’attendre de s’y trouver confronté, sans solution adaptée et à temps, dans un monde que l’on croyait infini.

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 07:52

 

Ainsi donc, la marée noire du golfe du Mexique, c’est fini, à ce que l’on dit… « Inaugurée » dès 1967 par l’échouage du Torrey-Canyon en Bretagne (120 000 tonnes de pétrole brut), l’ère des marées noires aura connu de grands succès avec notamment, en juin 1979, le déversement d’un million de tonnes de pétrole dans le golfe du Mexique, déjà !

En 2010, c’est environ 700 000 tonnes qui ont été répandues à la suite de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril. Dès le début, il a été admis que British Petroleum était responsable et devrait financer le coût des opérations de dépollution. Mais en fait, malgré la surmédiatisation de cet évènement, aucune loi américaine n’a été modifiée, sans même relever le plafond, très bas, auquel sont limités les dommages aux particuliers. Le poids politique du lobby pétrolier est tel que Républicains et Démocrates se sont opposés à toute modification de la loi actuelle.

Dans le même temps, deux oléoducs explosaient dans le port de Dalian au nord-est de la Chine, le 15 juillet. Ce serait 1 500 tonnes de pétrole qui se sont déversées dans la mer avec un impact écologique prévu pour une décennie… et une audience médiatique très modeste.

Et pendant ce temps-là, dans le delta du Niger, au sud du Nigéria, il ne se passait rien… ou presque. Rien que de l’ordinaire, puisque voilà déjà 50 ans que le pétrole s’écoule dans la mangrove et les marais. En mai, Shell a reconnu que 14 000 tonnes de brut avaient été déversées dans la nature en 2009. De plus, un oléoduc d’Exxon Mobil s’est rompu le 1er mai, rejetant 4 millions de litres pendant une semaine. Les pétroliers et les groupes armés qui détournent le pétrole se rejettent la responsabilité de cette situation. Forêts et terres agricoles sont recouvertes d’un liquide huileux, les puits d’eau potable sont pollués, la pêche a dû être abandonnée, mais les regards extérieurs sont mal venus. Selon le WWF, ce serait de l’ordre de 1,5 million de tonnes de brut qui auraient été déversées dans le delta du Niger en 50 ans ! Les autorités nigérianes ont recensé officiellement plus de 7 000 marées noires entre 1970 et 2000.

Vroum, vroum. Prout, prout. Bonne promenade. Ah, au fait, le fonds du puits est en vue, enfin !

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 19:17

 

C’est à partir des années 1960-70 que les installations portuaires de Rouen ont commencé à glisser vers l’aval. Tant et si bien que les Rouennais on fini par oublier qu’ils habitaient une ville-port. Depuis les années 1990, la ville et le port se sont retrouvés sur le plan de l’urbanisme au point d’imaginer ensemble une nouvelle osmose (Voir aussi Rouen-sur-Seine ? : http://www.michel-lerond.com/article-18552616.html). La ville de Rouen a fait alors de la requalification des quais une des actions prioritaires de son projet urbain. C’est dans le même temps qu’avait été proposée une coulée verte qui aurait pu constituer une diagonale de toute l’agglomération en passant par les berges de la Seine et donc le port. Dans cette perspective, j’avais proposé au port, à l’époque, de mieux se mettre en valeur par des aménagements paysagers et une forme de tourisme portuaire qui aurait pu s’appuyer sur des « folies », comparables à celles du parc de la Villette à Paris.

A la Villette, les 25 folies de Bernard Tschumi, architecte franco-suisse, sont une version contemporaine des gloriettes. Ces constructions cubiques, un peu abstraites, ont une simple vocation décorative ou fonctionnelle en abritant des services d’information, des expositions ou autres. Dans le cas présent du Port de Rouen, ces folies pourraient être conçues comme autant de lieux d’information sur la Seine, ses activités économiques, ses paysages, sa biodiversité, son fonctionnement hydraulique, etc. Ces constructions pourraient être conçues comme des promontoires permettant d’avoir une vue d’ensemble sur les installations portuaires, pour mieux en comprendre le fonctionnement et l’utilité. Ces folies pourraient être situées sur le vélo-route qui suit la Seine et même être desservies par une ligne de transports en commun qui ne fonctionnerait qu’en fin de semaine pour permettre une liberté de promenade compte-tenu des distances à parcourir.

C’est un peu ce qui s’amorce actuellement. Après l’aménagement de l’Espace des marégraphes, sur la rive droite, avec restaurants, salles de sport, promenades plantées, c’est au tour du boulevard maritime, sur la rive gauche, d’être réaménagé de façon paysagée. Cette « révolution portuaire » est complétée par un test de reconstitution de berges végétales, en remplacement des berges en bêton. Création de mares, parcours pédagogiques ou recréation de zones humides témoignent aussi de l’avancée.

Ah vraiment, le Port de Rouen c’est fou !

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 15:39

 

          Voilà bien longtemps déjà que le fossé se creuse entre les élites et les citoyens. Qu’il s’agisse de prospective climatique ou de gestion de la crise économique, le scepticisme s’installe. Sur le plan politique, c’est pire encore. Lorsque les affaires

récentes, touchant plusieurs membres du gouvernement, montrent à quel point la collusion est grande entre pouvoir et argent, le citoyen de base a du mal à accepter les restrictions liées à la rigueur. Par ailleurs, et quoi qu’en disent les statistiques officielles, chacun ressent l’insécurité qui se répand sur tout le territoire, y compris dans les villages, les délinquants n’hésitant plus à faire usage d’armes à feu. Quand, en plus, les plus hauts dirigeants du pays font l’amalgame entre délinquance et « Français d’origine étrangère », le discours politique devient inaudible.

Tout ce contexte d’une présidence de type berlusconien rend le climat politique assez irrespirable. A tel point que des policiers ont tourné le dos au président lors d’un hommage à un policier tué, au motif de trahison (Melun le 23-03-10) ; qu’un hebdomadaire a pu titrer, à propos du président, « Le voyou de la République » (Marianne du 07-08-10) ; que l’ONU a critiqué la France pour « recrudescence notable du racisme et de la xénophobie » (Le Monde, 13-08-10) ; qu’un chanteur de RAP a pu titrer un vidéo-clip « Tirer sur les keufs » (nouvelobs.com 13-08-10). Tous ces incidents disparates construisent une image de la France qui explique que leurs dirigeants soient devenus la risée d’une grande partie du monde, comme en témoigne la lecture de la presse internationale. Cette grande nation, celle des droits de l’homme, est encore une puissance économique, mais ce n’est plus qu’à peine 1 % de la population mondiale. Cela ne demande-t-il pas retenue, modération et humilité plutôt qu’arrogance…, Tout alors se déstabilise. De partout sont lancés des appels pressants. Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République, s’inquiète : « La société est en grande tension nerveuse » (Le Monde, 22-02-10). Bastien François, universitaire : « Les gouvernants qui ne jouissent plus de la confiance des gouvernés… doivent quitter le pouvoir » (Le Monde 22-07-10). Michel Rocard, ancien premier ministre : « On n’avait pas vu ça depuis Vichy » (Marianne 07-08-10).

Dans une véritable démocratie, une telle confusion amènerait les dirigeants politiques à présenter leur démission sans délai, par honnêteté, sens de l’honneur et respect de la paix civile. Après quoi il faudrait reconstruire. L’hymne national, dont les paroles sanguinolentes auraient dû être changées depuis longtemps, dit : « Entendez-vous dans les campagnes, Mugir ces féroces soldats ? » Entendez-vous dans les campagnes cette clameur qui monte, annonciatrice de bien des tourments. Faisons, tous ensemble, que ce pressentiment ne soit qu’un mauvais rêve vite oublié…

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 09:24

La pollution atmosphérique a connu « ses belles heures », si l’on peut dire, pendant les années 1970. A cette époque, on prenait conscience de son importance et de ses effets. C’est alors que l’on a commencé à la mesurer, par des méthodes physiques, ou à l’évaluer, par des méthodes biologiques. Les résultats de ces investigations étaient souvent très alarmants et une série de mesures furent prises progressivement pour réduire les pollutions (réglementation), en suivre l’évolution (associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air) ou se concerter sur les progrès à réaliser (Secrétariats permanents de prévention des pollutions industrielles). Plus récemment, ont été mis en place des Plans régionaux de qualité de l’air. Quarante ans plus tard, on peut dire que tous ces efforts ont porté leurs fruits et les pics de pollution ont sensiblement diminué.

A y regarder de plus près, les résultats sont toutefois à relativiser, dans la mesure où les pollutions de fond demeurent un enjeu majeur. Les polluants classiques ont bien régressé mais des polluants nouveaux sont à prendre en compte et 45 % de la population urbaine européenne est exposée à des polluants pouvant porter préjudice à sa santé (particules et ozone notamment). De plus, les dérèglements climatiques peuvent engendrer des détériorations graves de la qualité de l’air, comme on vient de le voir à Moscou, en période de sécheresse avec incendies de forêt. Les synergies sont, à cet égard, très complexes et peuvent jouer dans les deux sens : les incidences climatiques peuvent engendrer de la pollution et certaines pollutions peuvent modifier le climat…

Par ailleurs, pendant longtemps, on a considéré que la pollution était « extérieure », en négligeant la qualité de l’air à l’intérieur des locaux. Fort heureusement il a été remédié à cela, en termes d’études, et on sait maintenant que, bien souvent, l’air de notre salle de bain ou de notre cuisine est bien plus pollué que celui de notre quartier, ou que l’habitacle de notre voiture est plus pollué que la rue dans laquelle nous circulons.

L’origine de la pollution de l’air a souvent été rattachée aux activités industrielles, de transport et au chauffage des bâtiments. Cela reste vrai bien sûr, mais certains polluants ont certainement été sous-estimés, comme les pesticides, produits chimiques très complexes comptant environ 1 200 ingrédients, dont on connaît mal l’incidence sanitaire. Les quelques études menées sur le sujet montrent que les pesticides sont présents partout dans l’atmosphère, aussi bien dans les campagnes que les villes, exposant ainsi la quasi-totalité de la population. L’agriculture industrialisée est ainsi devenue une source de pollution de l’air importante et dont l’étude a été trop négligée jusqu’à maintenant.

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 09:38

 

       L’été 2010 est très chaud et sec ou… très humide, selon les contrées. Ainsi la Russie a connu une canicule avec des températures proches de 40° pendant plusieurs semaines (6° de plus que la moyenne historique). Les incendies qui en ont résulté ont détruit près de 700 000 hectares de forêts et milieux naturels (l’équivalent du quart de la forêt française). Pas très loin, le Pakistan connaît des inondations très importantes qui ont affecté 20 millions de personnes, fait au moins 1 600 morts et détruit 130 000 habitations. Du fait de précipitations supérieures de 15 % aux moyennes saisonnières, la Chine connaît aussi des inondations qui ont affecté environ 300 millions d’habitants (!!), tué 1 300 personnes depuis la mi-juillet et détruit 22 000 bâtiments. Plus au sud, au Niger la sécheresse sévit depuis fin 2009, occasionnant une baisse de 10 % de la récolte céréalière et de 70 % de la production fourragère, et entraînant la famine pour 7 millions de personnes, la moitié de la population.

Tous ces incidents climatiques résultent bien sûr de particularismes locaux et les causes peuvent en être multiples, y compris des modifications profondes des équilibres naturels par les activités humaines. Mais il semble bien que l’on entre dans le scénario global envisagé pour les modifications climatiques : plus chaud et sec ou plus humide, de façon assez aléatoire.

Et en France ? La sécheresse sévit également et 52 départements ont été soumis à des restrictions d’eau. Ainsi, en Seine-Maritime, le déficit de pluviométrie dans les premiers mois de l’année a été compris entre 63 et 82 % selon les contrées. Les agriculteurs ont entamé les réserves de foin pour nourrir les animaux, faute d’herbe dans les prairies et la récolte de blé est médiocre.

En Russie, près de 10 millions d’hectares de blé ont été détruits par la sécheresse, le cinquième du total. La situation est comparable chez les grands exportateurs de blé de l’hémisphère Nord. Ceci explique que le prix du blé ait doublé cet été. Tous ces exemples nous ramènent à des considérations basiques : assurer d’abord l’alimentation des populations. L’agriculture industrialisée a oublié un peu trop vite que la nature garde ses droits. Autrefois le saltus était une terre sauvage qui constituait, de fait, une réserve de nature et une possibilité de cueillette, en complément de l’ager, la terre cultivée. Le saltus, à la végétation diversifiée, était un écosystème fonctionnant de façon autonome et avait vocation, entre autres, à nourrir le bétail. Il constituait ainsi une zone tampon, propre à atténuer les effets du climat sur l’ager.

Alors que nous sommes confrontés à davantage de catastrophes naturelles, on constate que la capacité d’anticipation reste faible et que les réponses ne sont pas au niveau souhaité.

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