En ces temps difficiles et perturbés pour notre environnement, nous sommes à la recherche d’exemples positifs, même ponctuels, pouvant être reproduits sur un territoire plus grand. L’île de la Réunion, dont le slogan touristique fut longtemps « l’île intense » pourrait bien constituer un de ces exemples.
Ce petit caillou de l’archipel des Mascareignes, dans l’Océan Indien, de 60 km dans sa plus grande longueur, compte en effet 765 000 habitants sur 2 500 km2. Le relief, de 0 à un peu plus de 3 000 m, un volcan en activité et trois cirques de volcans éteints, une pluviométrie qui varient selon les endroits de presque rien à 7-8 m par an, font de cette île un lieu paradisiaque de dépaysement, mais aussi un espace de compétition entre l’homme et la nature.
La Réunion constitue en effet l’un des 34 « points chauds » de la biodiversité mondiale, et c’est à ce titre qu’a été inauguré en juillet dernier le 9e parc national français. Ce parc couvre 100 000 ha soit 40 % de la superficie de l’île ! Il abrite une végétation primaire restée intacte pour un tiers, protégée par un relief difficile. Ainsi la diversité biologique considérable, comme les fougères arborescentes, s’ajoute à la diversité époustouflante des paysages et écosystèmes qui vont de la savane à la forêt tropicale humide.
Mais l’île est partie pour compter un million d’habitants en 2030, sachant qu’actuellement le chômage touche plus de 20 % de la population. Les craintes sont fortes localement de devoir sacrifier des projets de développement pour sauvegarder la biodiversité.
Pourtant la Réunion, comme d’autres territoires de l’outre-mer européen, est un « géant écologique » qui risque d’être très exposé aux modifications climatiques. Ces territoires vont être ainsi, de fait, des réservoirs de biodiversité qu’il convient de protéger absolument, mais aussi des écosystèmes très exposés et des terrains d’expérience incomparables pour tenter de trouver des solutions transposables ailleurs. Les barrières de corail, qui abritent les deux tiers de la biodiversité marine, sont déjà concernées par ces bouleversements (voir notre chronique du 26-02-2008, « pourquoi une année corail ? »).
Qu’en sera-t-il de la compétition pour l’espace sur ces petits territoires ? Saurons-nous trouver les bons compromis entre l’homme et la nature. Les résultats seront déterminants et éclairants en terme de prospective à l’échelle du siècle…