Comment est-ce possible que des idées simples, évidentes, aient tant de mal à faire l’unanimité. Ainsi l’idée de nature continue à être opposée à celle de culture, toujours comme s’il y avait d’un côté la nature, un peu sale et vulgaire, avec ses minéraux, plantes, insectes, vers… et de l’autre l’Homme, espèce douée d’intelligence et de culture. Bien sûr que l’espèce humaine est dotée de qualités et compétences qui en font une espèce « supérieure ». Mais pour se situer à ce niveau, elle doit d’abord tout simplement satisfaire ses besoins primaires, comme se nourrir, se loger ou se soigner. C’est aussi simple que cela ! Et pour assurer ses besoins primaires, l’espèce humaine a besoin de la nature, dont elle fait partie, pour y trouver sa nourriture, ses vêtements, ses médicaments… Même nos technologies les plus avancées requièrent des « fragments de nature » et nous sommes dépendants des abeilles ou des vers de terre… par exemple.
Mais pourquoi donc en est-il ainsi ? Peut être faut-il s’interroger sur la transmission des savoirs et sur le rôle de l’école à cet égard. Peut être faut-il repenser la hiérarchie des valeurs, entre ce qui contribue à la vie et ce qui contribue à la détruire. Si c’était le cas, il devrait apparaître évident qu’il n’est pas question de sauver à tout prix toutes les espèces, puisque bien sûr la nature évolue, laisse disparaître quelques espèces et en fait apparaître d’autres, sur un temps long. Par contre ce qui est préoccupant, c’est l’accélération des disparitions, signe d’un déséquilibre profond. L’activité économique ne doit pas laisser croire que la protection de la nature est un plus, un gadget en somme. Au contraire, l’économie a besoin de la nature et ne peut pas s’en passer. Mais on nous dit rien !... par ignorance de ces principes basiques.
C’est pire encore si on nous cache tout ! Dans ce cas, c’est délibérément que l’on occulte la nécessité vitale de la nature. C’est ainsi que la Cour des comptes vient d’épingler la politique de l’eau en France qui ferme un peu trop les yeux sur des infractions préjudiciables à la nature, donc à nous les humains. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on constate l’étendue des dérogations qui sont accordées par rapport aux seuils de pollution. Du coup la Commission européenne va condamner la France pour efforts insuffisants en matière de qualité de l’eau. Mais l’Europe aussi peut être remise en cause : l’Agence européenne de l’environnement vient de publier un rapport de 750 pages Signaux précoces et leçons tardives qui détaille les signes avant-coureurs ignorés ou étouffés sous la pression de lobbies puissants. Le marché reste plus fort que les préoccupations de santé publique… On nous cache tout : on vient de s’apercevoir que les tests de mesure des émissions de CO2 des voitures sont, en fait, tronqués et donc minorent les émissions par rapport à la réalité ! On nous dit rien, on nous cache tout, comment voulez-vous que les gens ne soient pas un peu agacés...