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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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6 novembre 2022 7 06 /11 /novembre /2022 09:57

     Les clos-masures constituent un symbole du pays de Caux (le triangle Rouen, Le Havre, Dieppe) et suscitent toujours un intérêt important, d’autant plus qu’ils sont de plus en plus menacés, surtout les plus modestes d’entre eux. Dans ces clos, ou cours-masures, l’habitation et les dépendances agricoles sont dispersées au sein d’une cour plantée de pommiers, fermée par un talus planté d'arbres, auquel s'oppose l'étendue des plaines agricoles, très ouvertes. Cette organisation du territoire rural et les formes paysagères et bâties associées ne se rencontrent nulle part ailleurs et l'origine reste approximative.

     Ceci explique les nombreuses démarches, brochures et ouvrages consacrés à ces constructions paysagères. Pour ma part, c’est en 1978 que je publiais « Cours masures en Pays de Caux » (Museum de Rouen, 1978.- 85 p.), en accompagnement d’une exposition du Museum de Rouen sur le sujet, pour attirer l’attention sur la nécessité d’envisager des protections de ces paysages. Il y a 44 ans… Un peu plus tard, en 2008, on pouvait lire sur mon blog la chronique « Clos-masures, ou Caux c’est clos » annonçant la sortie d’un ouvrage du CAUE 76 et souhaitant que cet ouvrage puisse contribuer à ce que l’histoire du Caux… ne soit pas close. Il y a 14 ans… Cet ouvrage collectif « Clos-masures et paysage cauchois » (paysagiste, géographe, architecte, graphiste, archéologue et écologue - CAUE et Point de Vues, 2008.- 256 p.) rassemble les connaissances sur les clos-masures afin de sensibiliser aux menaces et aux scénarios d’évolution. Cet ouvrage est sans doute le plus complet et le plus transversal écrit à ce jour sur le sujet, car il aborde le clos-masure tant du point de vue historique que paysager, écologique que fonctionnel. L'évolution lente du paysage cauchois ne doit pas faire croire que désormais tout doit se stabiliser. Différentes évolutions sont en effet envisageables, mais toutes doivent prendre en compte les dynamiques actuelles ou futures.

     Voilà bien longtemps que le souhait de sauvegarder ce patrimoine régional s’est exprimé, mais tout espoir n’est pas perdu. Des propriétaires de clos-masures se sont engagés pour la préservation de ces fermes cauchoises, avant qu’il ne soit trop tard et organisent des visites pour sensibiliser le public. Le Département de la Seine-Maritime s’est bien engagé dans cette démarche en sollicitant l’inscription des clos-masures au patrimoine mondial de l’Unesco, sachant que l’on en a recensé 900 sur 40 communes du Pays de Caux et qu’il pourrait bien en exister en réalité de l’ordre de 8 000 !

     La protection du patrimoine va lentement, surtout en milieu rural. Ne désespérons pas, mais pour le petit patrimoine ordinaire du monde rural (petits bâtiments, granges, celliers…) il est déjà trop tard, on les voit tous s’effondrer dans nos campagnes.

 

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29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 08:02

     Voilà bien longtemps que l’on sait combien la pollution de l’air est préjudiciable à la santé et que l’on souhaite que soient prises des mesures pour la réduire, celle-ci venant de différentes sources dont la circulation automobile. Comme très souvent tout le monde s’accorde sur les principes de réduction de la pollution et en accepte la mise en œuvre… pourvu qu’elle ne soit pas contraignante. Et donc la mise en place des vignettes Crit’Air ne se fait pas sans quelques grincements, après déjà 6 ans d’existence.

     C’est en effet un arrêté du 21 juin 2016 qui a créé la classification des véhicules selon leur degré de pollution atmosphérique. A chaque véhicule est attribuée une vignette Crit’Air, ou certificat de qualité de l’air, qui visait à accorder des avantages de circulation aux véhicules peu polluants. La loi d’orientation des mobilités, du 24 décembre 2019, a institué des ZFE-m (Zone à faible émission de mobilités) afin de protéger la santé des habitants des villes et métropoles où la pollution de l’air est importante. Dans ces zones, seuls les véhicules les moins polluants peuvent circuler. La loi Climat et résilience du 22 août 2021 a étendu cette obligation à toutes les métropoles afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et donc les impacts sur le climat, en terme de réchauffement. Les ZFE-m concernent huit agglomérations : aux premières pour Paris, Lyon et Grenoble se sont ajoutées Rouen-Normandie, Reims, Nice-Côte d'Azur, Toulouse et Saint-Etienne. On en est maintenant à près de 23 millions de certificats Crit’Air délivrés selon 6 classes en fonction du niveau de pollution des véhicules. Le but est d’encourager l’acquisition de véhicules peu polluants qui peut être aidée par des primes à la conversion (jusque 5 000 €) attribuées par l’État. Cette démarche est donc à saluer dans la mesure où, enfin, sont prises des mesures efficaces pour réduire la pollution de l’air et avec des aides conséquentes. Mais…

     Mais ces derniers temps, les ZFE-m sont revenues dans l’actualité tant elles posent des questions en matière de pouvoir d’achat. En effet, changer de voiture n’est pas facile pour tous, même avec une prime, tant les déplacements notamment pour aller travailler, sont devenus conséquents et onéreux. Bien sûr ces mesures sont en cours depuis six ans, mais l’information a été largement insuffisante sur cette évolution et fort peu médiatisée, ce qui met nombre d’automobilistes devant des interdictions qu’ils n’avaient pas imaginées et les amendes qui vont avec. Selon une enquête de l’Institut CSA, 37 % seulement des Français connaissent les ZFE-m et la vignette Crit’Air. C’est bien peu ! Voilà un vrai défi social que de prendre les mesures nécessaires pour améliorer notre environnement, mais aussi de faire accepter ces mesures en les expliquant suffisamment en temps opportun et en les resituant dans un contexte socio-économique plus approprié. C’est un sacré changement à opérer ! Ceci d’autant plus qu’au 1er janvier 2024 les ZFE-m s’étendront à toutes les villes de plus de 150 000 habitants, avec des restrictions plus sévères. Nous souhaitons tous que notre environnement soit préservé et amélioré, que notre santé soit privilégiée, cela nécessite aussi notre implication personnelle, dans un contexte de tolérance et de re-fondement de notre société. Il faut s’attendre, par nécessité, à des mesures de ce genre, de plus en plus contraignantes, d’autant plus lorsque l’on constate que la France vient d’être condamnée par le Conseil d’État à une astreinte de 20 millions d’euros pour ne pas avoir agi assez rapidement contre la pollution de l’air !...

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 08:00

     Comme toujours, il y a les discours et il y a les actes ! Ainsi la petite ville de Ungersheim en Alsace a fait l’actualité depuis nombre d’années en étant à la pointe de l’autonomie énergétique. C’est dès 1989 que Jean-Claude Mensch le nouveau maire ambitionne que sa ville devienne exemplaire en matière d’environnement. Dès lors une centaine d’habitants (sur 2 400) se réunissent en commissions participatives pour réfléchir à l’orientation à donner aux projets municipaux, sous l’impulsion d’un maire qualifié d’« hypercatif ». La production et consommation d’énergie sont très vite au centre des débats et après la commutation du réseau d’eau, c’est la centrale photovoltaïque existante qui revient à la commune pour que les habitants soient possesseur de leur énergie. C’est ainsi que de projet en projet une chaufferie à bois alimente la Maison des jeunes, la salle de sport et le groupe scolaire. Cela s’est accompagné de chantiers d’envergure, comme la création d’un parc photovoltaïque (pour l’éclairage public entre autres), la construction d’éoliennes par les ateliers municipaux ou… du ramassage scolaire en calèche tirée par un cheval de trait ! C’est en 2020 que la commune est parvenue à une autonomie énergétique et électrique totale. En 2021 la production d’électricité photovoltaïque équivalait à la totalité de la consommation de la commune : habitants, artisans, commerçants et entreprises.

     Sur un autre plan, celui de l’alimentation, là aussi chapeau ! Une ferme urbaine gérée par une association d’aide à l’insertion approvisionne pour moitié la cantine municipale et pour moitié les habitants sous forme de paniers alimentaires. Les terres appartenant à la collectivité (10 hectares) sont cultivées en permaculture, sans engrais ni pesticides, et une partie des produits est mise en conserve. Cette politique municipale a fait des adeptes aussi au niveau des commerçants : un couple de paysans-boulangers produit du pain avec des vieilles variétés de blé à faible teneur de gluten. Et cerise sur le gâteau, cette politique environnementale a permis que les impôts locaux n’augmentent pas depuis 2005 !

     Cette expérience remarquable a permis à cette petite ville d’Ungersheim de parvenir à une grande liberté de décision et une indépendance énergétique et alimentaire, sans pour autant se couper des producteurs habituels ou des communes voisines. Cet exemple a été parfois repris comme à Mené en Bretagne où une communauté de communes de 6 000 habitants ambitionne depuis 2004 de couvrir tous ses besoins en électricité, chauffage et déplacements avec des énergies renouvelables d’ici 2030.

     Une volonté politique forte, une association des habitants, des projets réfléchis et construits en commun, voilà sans doute la recette de ces succès. Et les réussites qui suivent nous confirment que oui, il y a un avenir… pourvu qu’on le veuille vraiment.

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15 octobre 2022 6 15 /10 /octobre /2022 08:18

     Depuis 1985, le mois d’octobre est marqué par une campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, symbolisée par un ruban rose. Cette campagne prend d’autant plus d’importance que les cancers sont en forte progression dans le monde. L’Organisation Mondiale de la Santé prévoit une augmentation de l’ordre de 60 % d’ici 2040, en particulier dans les pays en développement. Les mesures de prévention pourraient ralentir cette progression (de l’ordre de 12 millions de cas par an dans le monde et 10 millions de décès…) et sauver des milliers de vie ! Dès à présent, on peut craindre qu’une personne sur cinq ne soit atteinte avant l’âge de 75 ans. Les cancers constituent la première cause de mortalité prématurée dans 134 pays, les plus courants étant les cancers du sein, du poumon et colorectal. Le cancer du poumon arrive maintenant en tête des plus dommageables depuis que les femmes se sont mises à fumer régulièrement, celui du sein restant la principale cause de décès des femmes. Cette augmentation préoccupante s’explique par la croissance démographique bien sûr, le vieillissement de la population et surtout les facteurs de risques tels que le tabagisme, l’obésité et l’alimentation déséquilibrée ou malsaine. On estime qu’un bon tiers des cancers pourraient être évités en se protégeant des facteurs de risques liés à nos modes de vie et la qualité de notre environnement.

     A défaut d’éviter le cancer, on peut malgré tout en guérir, ou au moins ralentir sa progression. C’est la vocation notamment du Centre Henri Becquerel de Rouen, l’un des 18 centres de lutte contre le cancer en France, créé en 1967. C’est un établissement de santé privé, à but non lucratif qui ne pratique aucune activité libérale. Il pratique le dépistage, la recherche et l’enseignement et bien sûr la prise en charge de cancers divers avec une prédominance du cancer du sein. Le Centre Becquerel de Rouen dispose de 845 salariés (dont 99 médecins) et reçoit près de 29 000 patients par an, soit une augmentation de 28 % en 5 ans. Le cancer est la première cause de mortalité en France et la Normandie est la seconde région française la plus touchée… Ajoutons à cette présentation rapide que le Centre Henri Becquerel de Rouen offre une qualité de prise en charge des patients remarquable. L’accompagnement des patients est pratiqué avec une humanité tout à fait exemplaire, comme j’ai pu le constater personnellement lorsque mon épouse y a vécu ses derniers instants…

     Parmi les facteurs de risques de cancers que l’on pourrait éviter, il y a la qualité de l’eau du robinet… quand on songe qu’un million de Français consomment une eau non conforme aux critères sanitaires. La première cause de cette situation est liée à l’agriculture, en lien avec l’usage de pesticides, notamment dans les Hauts de France, le bassin parisien et le sud-ouest où l’on pratique le plus l’agriculture intensive et la sylviculture. On peut ajouter à cela la persistance de canalisations au plomb… Face à ces situations les services sanitaires sont un peu dépassés et parfois, la seule issue pour fournir de l’eau « conforme » est de… revoir les normes pour les rendre moins restrictives (directive de juin 2022). Certes les normes affichent de plus en plus d’exigences, mais les dérogations à leur applications vont bon train aussi ! La santé doit être une priorité absolue.

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10 octobre 2022 1 10 /10 /octobre /2022 11:40

     Le mois d’octobre 2022 présente une particularité avec 5 samedis, 5 dimanches et 5 lundis ! Cette originalité n’est pas très fréquente, mais pour autant on ne peut pas prétendre que cela n’arrive que tous les 823 ans comme il a été dit sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’une fakenews ! C’est toutefois l’occasion de s’interroger sur notre calendrier, ses origines et son adéquation, ou pas, avec la nature.

     Notre calendrier a beaucoup varié au cours des temps et des civilisations, ce qui fait que le commenter en détail n’est guère aisé. Dès l’origine, c’est un système de repérage des dates de l’organisation de la vie agricole, sociale ou religieuse, qui s’appuie sur des durées définies par des phénomènes astronomiques, donc la nature. L’alternance jour-nuit a toujours été l’unité fondamentale, ce qui fait que le changement de jour varie d’un point à un autre du globe. C’est la plus petite unité du calendrier, avec des variantes historiques selon les civilisations qui comptaient le jour à partir de midi, de minuit ou du lever ou coucher du soleil… Les phases de la lune, faciles à observer, ont permis de se situer aussi sur une échelle de 30 ou 31 jours, mais le cycle lunaire varie en réalité de 29 jours et 6 heures à 29 jours et 20 heures ! Pas facile…

     Les saisons sont déterminées par la révolution de la Terre autour du Soleil, mais cette durée n’est pas facile à repérer et, selon les époques et les civilisations, on s’est appuyé sur l’allongement des ombres au cours de l’année, des mégalithes par exemple, ou ou la montée des eaux de grands fleuves comme le Nil. La plupart des calendriers historiques comptent quatre saisons (les nôtres), mais ce ne fut pas toujours le cas, comme les Chinois qui plaçait l’été de mai à juillet.

     Actuellement une année vaut 365,242201 jours. Pas facile de tomber juste ! Pour faire face à cette difficulté, on a souvent choisi de recaler le calendrier de façon empirique. C’est ainsi que le calendrier romain comptait 295 jours groupés en 10 mois de 29 ou 30 jours, soit la durée moyenne d’une lunaison. L’harmonisation entre cycle lunaire et cycle solaire étant imparfaite, certains ont intercalé un treizième mois pour éviter un décalage des saisons…

     C’est le calendrier grégorien qui est le plus utilisé dans le monde d’aujourd’hui dans lequel les mois ne sont pas en phase avec le cycle lunaire et le nombre de jours par mois « ajusté » pour retomber sur une année de 365 jours. Malgré ces efforts pour parvenir à une synchronisation acceptable, il subsiste un décalage de 3 jours sur 10 000 ans. Bon, eh bien, on en restera là !

     On pourrait encore évoquer le calendrier chinois, les dates de Noël ou du nouvel an… sources de variations à n’en plus finir. Bref, aujourd’hui on est bien le samedi 8 octobre 2022, soyez rassurés. Et comme disait l’autre, « Quel foutoir la nature » (Mini-nouvelles (2008-2016).- Paris : Les impliqués éditeur, 2016.- 170 p.)

 

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1 octobre 2022 6 01 /10 /octobre /2022 11:51

     Face à la problématique du dérèglement climatique, la transition énergétique est en cours, nous assure-t-on. Mais sais-t-on vraiment où l’on va ? La continuité du nucléaire semble assurée puisque le projet d’EPR2 à Penly en Seine-Maritime est quasiment lancé… alors que l’EPR1 de Flamanville (Manche) n’est toujours pas opérationnel et avec des coûts explosés par rapport aux prévisions. Certes il est prévu un débat public de quatre mois pour préciser les conditions de mise en œuvre. Mais cela résoudra-t-il les questions de fond qui demeurent quant à la soi-disant « indépendance énergétique » quand la France importe tout l’uranium… Et la sécurité et le devenir des déchets, et le fait que la moitié de nos réacteurs soit à l’arrêt ?… Quant à la rentabilité de l’opération, mieux vaut peut-être oublier la question ! De leur côté les énergies renouvelables se développent, peut-être pas au rythme attendu, mais on progresse. Avec toutefois de nombreuses questions qui demeurent quant au recyclage des pales d’éoliennes ou des panneaux solaires. Quid de l’énergie hydroélectrique avec les sécheresses aigües que nous connaissons maintenant ? Pourquoi si peu d’investigations sur les centrales marémotrices ou la géothermie ?

     Mais voilà la solution qui va nous sauver, la filière hydrogène ! Le coup est parti avec des milliards d’euros à la clé. Comme pour le nucléaire, on repart à fond avec bien des avantages puisque cette technologie ne produit ni polluant, ni gaz à effet de serre. On suppose donc que sont résolues les questions difficiles de la consommation d’énergie fossile pour produire l’hydrogène et les risques liés au stockage… Pas si sûr. Souvenons-nous des agro-carburants pour lesquels on a un peu « oublié » qu’ils nécessitent beaucoup d’énergie fossile pour leur production et qu’ils encouragent l’agriculture industrielle avec arasement des haies et retournement des prairies et donc avec quelques conséquences pour la biodiversité et le climat !

     Certes rien n’est simple en ce domaine et il faut viser la diversité des solutions pour parvenir au fameux « bouquet énergétique ». Mais ce qui désole c’est le constat de décisions qui manquent de recul et d’évaluations larges et pluridisciplinaires. Cette prétendue transition énergétique donne l’impression de brouillon, comme si les décisions étaient prises en fonction des milliards disponibles auprès d’investisseurs obnubilés par la croissance et la rentabilité à court terme. Et malgré tout cela, on nous promet pour l’hiver prochain des restrictions d’électricité aux conséquences non encore évaluées, mais sans doute redoutables. Comprenne qui pourra ! N’y a-t-il pas urgence à se poser et réfléchir pour repartir du bon pied, en considérant comme objectif le bien être général et non pas le business de quelques-uns. Dans ce contexte, il faut s’interroger sur la façon dont sont prises les décisions. Il s’agit de construire une science citoyenne qui associe davantage les citoyens aux orientations de la recherche scientifique et aux décisions qui pourront en découler. C’est précisément l’objectif du programme PROMETEE de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) et du Laboratoire de Dynamique Sociale (DySoLab) de l’Université de Rouen. Les chercheurs lancent un appel aux volontaires pour co-construire des choix de recherche et des processus éclairés de décision, selon un plan de travail 2022-2024 avec des résultats attendus en 2025. Voilà la voie ouverte à une transition énergétique citoyenne. Bravo pour cette première mondiale !

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24 septembre 2022 6 24 /09 /septembre /2022 08:25

        Les éoliennes font beaucoup parler d’elles, notamment à propos de la multiplication des projets particulièrement en mer. Il est vrai que ces éoliennes modernes ont pris des dimensions énormes qui posent question quant aux paysages, la biodiversité ou leurs radiations. Ce débat contemporain fait oublier que les éoliennes sont des machines en fait très anciennes, en quelque sorte des vieilles bécanes !

     Une éolienne est une machine qui transforme l’énergie du vent en énergie mécanique pour faire tourner des générateurs électriques ou des pompes à eau. L’ancêtre de l’éolienne est le moulin à vent apparu au 7ème siècle en Perse (l’Iran actuel). C’est seulement en 1885 que le mot éolienne apparaît à l’initiative de Ernest-Sylvain Bollée, inventeur français de ce dispositif pour pomper l’eau potable. Au début du 20ème siècle, il existait environ 350 éoliennes Bollée en France, dont une bonne cinquantaine existent encore, souvent en mauvais état, avec une restaurée en 2006 dans le Parc du moulin à Tan de Sens (Yonne) avec le soutien du Lions Club et de nombreuses entreprises. Cette « vieille bécane » de Sens mesure 20 mètres de haut et pèse 10 tonnes. C’est en 1890 que le Danois Poul La Cour met au point la première éolienne industrielle génératrice d’électricité. Cette innovation, un peu délaissée, retrouve tout son intérêt au Danemark dans les années 1970, avec le premier choc pétrolier. La transition énergétique, déjà !

        Depuis le début de ce siècle, les éoliennes ont pris un sacré essor et ont un peu « grandi ». Les plus courantes produisent de l’électricité, elles sont à axe horizontal, avec une hélice montée sur un mât. La hauteur est, pour la plus grande installée à Rotterdam en 2019… de 260 mètres ! Mais il existe aussi des éoliennes à axe vertical qui sont moins encombrantes, moins bruyantes et peuvent fonctionner avec des vents supérieurs à 220 km/h, mais moins productives. Les pays qui comptent le plus d’éoliennes sont la Chine (45 % des installations mondiales), les Etats-Unis, l’Inde et en Europe l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume Uni et le Danemark. En France l’éolien représente 6,3 % de la production totale d’électricité.

     Fort heureusement les accidents liés aux éoliennes restent rares, pour le moment, que ce soit concernant les humains ou l’avifaune. Par contre le démantèlement, qui intervient après 20 à 30 ans de service, pose problème pour les pales composées d’un mélange de fibre de verre et de fibre de carbone. De même, les fondations ne sont pas toujours enlevées compte-tenu de la difficulté et des coûts. Le démantèlement total peut coûter de l’ordre de 500 000 euros.

         De sacrées bécanes ces éoliennes !

 

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17 septembre 2022 6 17 /09 /septembre /2022 10:04

        Toutes les époques ont connu leurs difficultés, leurs drames et leurs interrogations. Certaines civilisations ont même disparu au cours de l’histoire, mais à une échelle locale et non planétaire comme il semble actuellement.

    Ainsi les Mayas, une des civilisations les plus connues en Amérique centrale a été très dominante pendant des siècles, de l’ordre d’un millénaire. Les raisons de l’effondrement de cette civilisation ne sont pas clairement définies, mais résultent d’un ensemble de causes dont la surpopulation, la surexploitation des terres, les guerres et une sécheresse prolongée. Ceci n’est pas sans nous rappeler quelque chose dans la mesure où, selon les études les plus récentes, la surpopulation a entraîné une surconsommation de la forêt tropicale, ce qui a accéléré le changement du climat avec une baisse des précipitations et donc fait péricliter la culture du maïs, base de l’alimentation des Mayas… Ce serait donc la raréfaction des productions agricoles qui auraient anéanti le peuple Maya, aboutissement d’un cycle infernal : surpopulation, surconsommation, dérèglement climatique, sécheresse et… famine.

      L’île de Pâques, découverte au 18ème siècle au large du Chili, elle aussi nous fascine par son évolution culturelle depuis environ un millénaire, avec notamment ses statues géantes. Là encore, après la disparition de ses habitants fin du 17ème siècle, on s’est beaucoup interrogé sur les causes de cet effondrement. Sans doute la surpopulation et la déforestation sont parmi les causes de cette disparition, mais ce ne sont pas les seules. Les contraintes environnementales ont dû largement jouer un rôle dans ces petites îles où il existe des écosystèmes complexes, des variations climatiques aux incidences fortes sur la production agricole et donc l’alimentation. Plus qu’un effondrement dû à des dérèglements, il s’agit là sans doute davantage d’une méconnaissance, ou négligence ?, des vraies ressources des îles et donc d’un décalage entre ressources et consommation.

     Quoi qu’il en soit, on voit à travers ces deux exemples combien les civilisations, aussi évoluées soient-elles, sont dépendantes de leur environnement. A fortiori, notre époque de mondialisation importante est d’autant plus dépendante de son environnement… planétaire. C’est pourquoi ce début de XXIème siècle nous angoisse plus encore avec tant d’interrogations sur notre futur. Dans nombre de conversations et sur les réseaux sociaux, on perçoit une certaine appréhension de l’avenir, avec des questions fondamentales qui ne connaissent que des réponses évasives, insuffisantes, voire contradictoires. De nombreuses personnes s’interrogent sur la possibilité d’un avenir pour leurs enfants ou petits enfants, pressentant l’effondrement de notre civilisation...

     Faut-il redire encore combien sont préoccupantes les questions liées à l’érosion de la biodiversité et le dérèglement climatique. Les faits sont là, identifiables depuis des décennies, générant une prise de conscience de Terriens de plus en plus nombreux, mais avec des réponses insuffisantes des dirigeants, politiques notamment, et aussi peu d’engouement à se remettre en cause pour chacun d’entre nous, voire un total déni.

 

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10 septembre 2022 6 10 /09 /septembre /2022 08:31

          Adolescent, j’ai été fasciné et effrayé, par « Le Meilleur des mondes », le roman d’Aldous Huxley, publié en 1932. Ce roman d’anticipation évoque une société très hiérarchisée dont les individus de chaque caste sont conditionnés de façon biologique et psychologique dans le but d’assurer la stabilité et la continuité de la  société. Dans cette société de fiction, les enfants sont conçus dans des éprouvettes, en régulant l’apport d’oxygène aux fœtus en fonction de leur caste de destination. Puis ils sont conditionnés pendant leurs premières années selon les critères des 5 catégories de population, de la plus intelligente (les Alpha, l'élite) à la plus stupide (les Epsilons destinés aux travaux pénibles). Cette dictature parfaite, grâce à la consommation et le divertissement, permet aux esclaves d’aimer leur servitude ! Dans cette société, ne pas se sentir heureux est une incongruité. Le but est de produire et consommer sans opinions personnelles ou états d’âmes. Si d’aventure le moral est en baisse, on leur ingurgite une dose de « soma » un tranquillisant hallucinogène qui permet de se retrouver heureux dans ce meilleur des mondes. Les humains qui restent hors de cet « État mondial » sont parqués dans des « réserves à sauvages » closes de barrières électrifiées, ils perpétuent la reproduction vivipare et ont un mode de vie « primitif ».

Au moment où monte une angoisse devant le futur qui nous attend, voilà une bonne occasion de réfléchir à notre avenir à partir de ce roman qui envisage une société nouvelle stabilisée, mais pour quelle finalité ? Le meilleur des mondes est sans doute possible et d’ailleurs ne serait-il pas déjà là lorsque l’on regarde notre propre société de consommation avec un peu de recul, ou plus encore lorsque l’on contemple la stabilité du régime chinois où tout est ultra organisé en conditionnant même certains achats ou comportement à la reconnaissance faciale.

          Le monde imaginé par Aldous Huxley prévoit une vie sociale obligatoire parce que s’isoler conduit à réfléchir, au lieu de s’amuser et consommer comme il convient. Réfléchir peut conduire à douter du système dans lequel on vit, et donc le remettre en cause, voire essayer de le changer ! Dans « le Meilleur des mondes » la solitude est donc subversive et doit être combattue. Concernant le désir de maintenir une partie de la population en état de sous-développement intellectuel, cela nous rappelle quelques périodes de notre histoire, pas si lointaines où il était de bon ton de réduire l’éducation des pauvres et des femmes en particulier, afin de ne pas prendre le risque de générer des aspirations constituant une menace à la stabilité de l’ordre social.

          Ce meilleur des mondes présente l’avantage de supprimer les drames humains que sont les guerres et conflits de toutes sortes, puisque tout le monde est content ! Il n’y a plus d’inégalités, au moins au sein de chaque caste. Chacun est à sa place dans la société, chaque individu est en harmonie avec le système dans son ensemble. Le bonheur quoi ! Bonheur toutefois un peu pondéré par la monotonie d’une vie plate, sans imprévu et sans piment. Est-ce le prix à payer pour avoir une vie tranquille ? Dans le meilleur des mondes, sommes-nous encore des hommes ou clairement des robots, et alors pour quel but ? On peut s’interroger aujourd’hui, une drôle d’époque où, bien souvent, notre ordinateur nous demande de lui prouver que nous ne sommes pas un robot !

 

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3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 08:53

     Sitôt les élections législatives de juin passées, 154 députés ont été « formés » à la transition écologique en une vingtaine de minutes. C’est une démarche inédite en France qui a constitué une première étape vers une formation soutenue des parlementaires. 154 députés sur 577, ce n’est qu’un bon quart de l’hémicycle, mais c’est un bon début pour cette démarche nouvelle. Quelques minutes, c’est un peu court, mais il s’agissait d’une initiation qui appelle des développements. Ce dialogue entre scientifiques et parlementaires a permis de dispenser une formation de base sur les enjeux du climat et de la biodiversité. Ceci afin que les élus prennent en compte davantage les enjeux écologiques dans leurs votes, notamment sur la base du dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Voilà une belle initiative !

     Cette expérience n’est qu’une première étape, en souhaitant que cette initiation puisse être approfondie, au sein de l’Assemblée, mais aussi du Sénat. Il a été évoqué l’idée de proposer cette formation également aux élus du conseil de Paris. On peut d ‘ailleurs imaginer qu’elle serait bien utile à tous les élus de toutes les collectivités, régions, départements, intercommunalités. Il y a tant à faire !

     Le plus souvent, les parlementaires rechignent à prendre des mesures efficaces face à l’urgence climatique compte-tenu de leur méconnaissance des enjeux et des solutions à y apporter, ce qui rend indispensable une sensibilisation sur le sujet, tant le manque de décisions impacte à la fois l’économie, la vie quotidienne et surtout l’avenir de notre civilisation. Il s’agit de regarder en face les réalités du terrain et de répondre aux attentes de la société, c’est bien là le minimum que l’on puisse attendre d’un élu. Cette formation requière, bien sûr, une approche pluridisciplinaire et non pas centrée sur la seule économie et la croissance, avec beaucoup de pédagogie.

      Toutefois on peut se demander si l’absence de décisions à la hauteur des enjeux écologiques s’explique seulement par un manque de connaissances. Il s’agit sans doute le plus souvent d’un choix politique assumé afin de ne pas bousculer le modèle économique dans lequel nous vivons… On peut donc imaginer aussi une sensibilisation qui rappellerait que l’on parle sans cesse d’économie, mais sans jamais se préoccuper, ou si peu, ni de la genèse ni de la prospective de ces questions. Pourtant les mots économie et écologie ont la même racine signifiant l’étude des êtres vivants dans leur milieu d’une part et l’administration de la maison d’autre part. Il serait donc logique que l’on se préoccupe d’abord d’écologie, puis en fonction de l’état des lieux, que l’on « administre la maison ». Il faut d’abord assurer les besoins primaires avant d’envisager autre chose. Il nous reste à inventer une social-économie et intégrer ce concept dans la formation en cours afin de la rendre encore plus efficiente.

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