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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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11 octobre 2024 5 11 /10 /octobre /2024 08:52

     Il est urgent de bifurquer pour éviter que notre civilisation n’aille dans le mur pour de bon ! Mais comment faire lorsque l’on est dans une telle urgence et devant d’énormes défis, comme notamment le dérèglement climatique ?

     C’est ce qu’ont étudié les chercheurs qui ont conclut une étude internationale après avoir examiné 1 500 politiques climatiques mises en place entre 1998 et 2022 dans 41 pays. C’est dire le bien fondé de leurs conclusions. Et oh stupeur, sur ces 1 500 politiques climatiques, seules 63 sont performantes… Les plus efficaces sont celles qui combinent plusieurs mesures telles que interdictions, taxes et incitations, alors que prises isolément, ces mesures n’ont qu’un effet marginal. Par exemple, interdire les voitures thermiques ou fermer les centrales au charbon peuvent paraître des mesures fortes alors qu’elles ne présentent pas de réelle efficacité. Les chercheurs ont montré que ces mesures restent peu valables quand elles sont mises en œuvre isolément, et de plus elles doivent considérer l’ensemble de la problématique et éviter, par exemple, la caricature des voitures électriques qui ne prennent en compte que le fonctionnement de la voiture et « oublient » sa fabrication et son recyclage. L’important c’est la bonne combinaison des mesures prises, en évitant la multiplication des politiques et les mesurettes opportunistes en fonction de l’actualité du moment.

     Parmi les exemples satisfaisants, on peut citer le secteur de l’électricité au Royaume-Uni où des progrès significatifs ont été constatés. Ces bons résultats ont été obtenus par l’introduction, en 2013, d’un prix plancher du carbone et par une planification de l’expansion des énergies renouvelables, des normes plus strictes en matière de pollution atmosphérique, et l’élimination progressive des centrales à charbon. Un autre exemple, dans le secteur industriel en Chine, les systèmes d’échange de quotas d’émission, complétés par une réduction des subventions aux combustibles fossiles et des incitations financières, ont considérablement réduit les émissions après quelques années. Enfin, en Allemagne, la réforme de l’écotaxe et l’introduction d’un péage pour les poids lourds constituent une autre réussite notable dans le secteur des transports qui présente le plus grand potentiel de complémentarité.

     Au niveau européen, la nouvelle Commission devra proposer une initiative législative sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à 2040, sachant que l’on est encore loin de la neutralité carbone. Février 2025 est la date prévue pour la publication des nouveaux engagements climatiques des Etats dans le cadre de l’Accord de Paris. Il est prévu que ces nouvelles mesures prennent en compte aussi une transition écologique des pratiques agricoles. Au niveau régional normand, la Région Normandie et l’ADEME viennent de s’engager dans un dispositif de transition écologique et énergétique avec 5 intercommunalités tests pour mettre en place des politiques d’achats responsables, la rénovation énergétique des bâtiments ou des projets d’énergie renouvelables. Plus localement encore, la com’com Inter-Caux-Vexin (55 communes entre Buchy, Martainville-Epreville et Montville) vient de prendre en main la compétence « mobilité » pour développer les alternatives au « tout voiture ».

     On avance, mais il faut davantage de volonté politique et des mesures plus rationnelles pour parvenir à une efficacité réelle.

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26 septembre 2024 4 26 /09 /septembre /2024 16:57

     La France nous a offert cet été le spectacle consternant d’une classe politique immature qui reste enfermée dans ses petits calculs politicards au lieu de se mettre au niveau des vrais enjeux de notre époque. Ainsi la dissolution de l’Assemblée Nationale, la nomination d’un Premier Ministre, puis la formation d’un gouvernement ont occupé les esprits et les médias pendant des mois, bien au-delà du raisonnable et pour des objectifs bien en-dessous des réalités.

     Dans ce contexte il a été question des sujets « prioritaires », à savoir surtout le déficit de la France et son futur budget. Certes ces questions sont importantes et préoccupent légitimement les personnes les moins à l’aise financièrement. Mais pour se préoccuper de notre avenir financier, encore faut-il exister et donc survivre aux crises actuelles, d’une toute autre importance. La vraie priorité c’est le dérèglement climatique qui s’amplifie, qui va plus vite et plus fort que prévu. C’est ainsi que l’on observe depuis des mois la multiplication des canicules, incendies de forêts, inondations, coulées de boues, éboulements en montagne ou en bord de mer, etc. dans le monde entier, la France n’étant pas épargnée.

     Ce dérèglement climatique commence à générer des pertes de rendement des cultures, des famines, des conflits et des migrations. C’est là qu’est la matrice de futurs problèmes économiques liés à la production alimentaire et l’énergie et aussi à des migrations climatiques qui pourraient bien devenir ingérables. Dès son arrivée, le nouveau Premier Ministre a tenu à rappeler que la croissance serait sa priorité. C’est le monde d’hier qui est au pouvoir alors que nous attendons un monde d’aujourd’hui, préparant le futur de nos descendants pour leur éviter les crises terribles de l’Humanité qui se profilent à l’horizon… Près de 400 scientifiques du GIEC ont récemment partagé leur vision de l’avenir climatique auprès du quotidien britannique The Guardian. La majorité d’entre eux estiment que le réchauffement va dépasser la barre des 2,5°C et appellent à agir dès maintenant pour inverser la tendance. Il va nous falloir en effet bifurquer, au plus vite, changer notre manière de vivre. Les politiques, d’abord, qui sont sensés préparer l’avenir vont devoir évoluer, de même que les pays riches qui vont devoir assister les plus pauvres, mais aussi les entreprises qui vont devoir repenser leur raison d’être afin de répondre aux seuls besoins du peuple plutôt que pousser à la consommation pour enrichir les actionnaires. Enfin nous-mêmes allons devoir changer pour réinventer notre vie, surtout pour ce qui concerne l’alimentation et les déplacements.

     C’est l’alerte générale, la situation est grave, mais pas désespérée ! Les points de bascule sociaux existent, des petits changements chez des personnes ou des petits groupes peuvent in fine déclencher des actions de restauration du climat à grande échelle. Il existe déjà de nombreux exemples de jeunes qui renoncent à des activités polluantes, qui réduisent leurs déplacements, de personnes qui abandonnent leur métier pour s’installer à la campagne avec une activité de maraîchage ou d’élevage, etc.

     Et pour enrichir notre réflexion, ces trois livres récents sont plus que jamais d’actualité :

- Faire passer le message - Persée, 2018.- 158 p. – 14€20

La biographie d’un lanceur d’alerte et les grandes questions environnementales.

- Les clés de notre avenir - Persée, 2020.- 100 p. – 10 €

93 propositions concrètes pour « refaire le monde ».

- A demain… si vous le voulez bien - Persée, 2023.- 108 p.- 13€50.

Une réflexion sur notre avenir commun.

A se procurer dans toute bonne librairie et sur Internet.

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13 septembre 2024 5 13 /09 /septembre /2024 08:09

     Tout le monde le sait maintenant, et l’admet plus ou moins, l’effondrement de la biodiversité et le dérèglement climatique sont des réalités avec lesquelles nous ne pouvons plus tergiverser, parce que les Humains, eux aussi, ne sont pas à l’abri de l’extinction… Les décideurs, politiques et économiques, le savent, mais restent très pondérés dans leurs changements de comportement...

     Comment faire, en effet, pour que les décideurs et les Etats de la planète entière puissent travailler ensemble pour un but commun, alors que les tensions géopolitiques et les enjeux économiques sont aussi prégnants. A ce niveau planétaire qui est la dimension des enjeux en cours, il n’y a pas d’hésitation, la voie principale est la réglementation, même si celle-ci présente une certaine souplesse pour l’application. C’est la position qui a été adoptée par l’ONU il y a peu.

     C’est une résolution historique qui fut prise en octobre 2021 par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Celui-ci a reconnu le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable comme droit humain, ce qui assurément a constitué une avancée, au moins dans les esprits. Ce droit a été validé par les 161 États membres lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en juillet 2022. Le texte incite les États à adopter des politiques visant à permettre l’exercice de ce droit, afin de le rendre effectif.

     Pour aller plus loin, c’est au printemps 2023 que l’ONU a demandé à la Cour Internationale de Justice (CIJ) de définir les obligations des états en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Cette résolution adoptée le 29 mars 2023 a été qualifiée d’historique par le secrétaire général de l’ONU. La CIJ a précisé qu’il s’agissait d’un défi sans précédent, de « portée civilisationnelle ». Bien que non contraignant, cet accord doit être appliqué dans le monde entier et aussi bien maintenant que loin dans le futur.

     Bien entendu, entre les directives onusiennes et leur mise en pratique, il peut y avoir une certaine distance… mais de plus en plus d’Etats, et leurs dirigeants, prennent conscience que certains enjeux environnementaux vont bien au-delà de leurs divergences et concernent toute l’Humanité. Gardons l’espoir ! Tout ceci sans oublier que, au-delà des dirigeants, nous sommes nous-mêmes concernés et parfois directement responsables. Pour ne prendre qu’un seul exemple, les déchets que l’on côtoie, je le crains, de plus en plus sur le bord des routes ou les trottoirs des villes. Comme chacun le sait, une bonne partie de ces déchets finissent à la mer, soit entre 75 et 200 millions de tonnes, l’équivalent d’un camion poubelle déversé chaque minute… Ces déchets se désintègrent en microparticules dévastatrices pour l’environnement et la santé.

     Les réglementations internationales de l’ONU s’adressent donc aux 161 Etats signataires, mais aussi… aux huit milliards de Terriens personnellement !

 

Depuis près de trois mois ce blog a connu une interruption due à des raisons de santé. Le rétablissement est en cours et vous pouvez maintenant retrouver votre blog, à périodicité variable. Bonnes lectures !

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27 juin 2024 4 27 /06 /juin /2024 17:11

     Mais c’est qui « ils » ? Et si c’était nous ? Voilà bien la bonne question : « Pourquoi détruisons-nous la nature ? » posée par Bruno Duval dans son livre portant ce titre (auto-édition Copyright 2023 Bruno Duval, 355 p.).

     Pourquoi donc détruire la nature qui nous fait vivre ? Il faut toujours revenir aux questions basiques avant de rechercher des solutions aux problèmes que, souvent, nous avons créés nous-mêmes… L’auteur essaie de répondre à des questions successives afin de préciser, entre autres, si l’espèce humaine est la seule à détruire la nature et si nos ancêtres préhistoriques la détruisaient déjà ? Notre alimentation carnée, notre surpopulation ou notre propension à toujours produire plus ne sont-elles pas pour quelque chose dans cette destruction ? De même, l’organisation de nos sociétés, souvent rivales, les religions, les techniques, l’économie ou l’urbanisation ne seraient-elles pas aussi des facteurs de destruction de la nature ?

     Ce livre traduit une recherche très complète pour tenter de répondre à cette question dont la réponse n'est pas si aisée. L’auteur a eu ce grand mérite de réaliser ce travail de recherche sur le « pourquoi » des choses, qui n'avait pas encore été fait, ou en tous cas, pas avec autant de pugnacité, de désir d'aller au fond des choses. Cette réflexion fait penser à une « psychanalyse de l'espèce humaine » qui va titiller nos vices, tares et besoins réels... Tout est examiné, nos instincts, les structures, notre ressenti jusqu'au plus profond, ce qui amène le lecteur à s'interroger sur sa propre responsabilité de la destruction colossale de notre univers qui se déroule devant nous en direct. Plus besoin de science-fiction ou de films futuristes, les choses annoncées sont là, déjà plus vite et plus fort que prévu…

     Pour ma part, j'ai tenté d'aborder ce sujet, notamment sur mon blog, en restant "optimiste" dans la mesure où, à mon avis, il faudra bien trouver un compromis dans cet embrouillamini de nos idées contradictoires, faute de quoi nous risquons d'aller tout droit vers un effondrement de notre civilisation, et pourquoi pas la disparition de notre espèce… Je suis persuadé que notre avenir réside dans la mise en place du Symbiocène, faute de quoi... J'ai synthétisé mon avis sur cette question dans une chronique de début d'année : http://www.michel-lerond.com/2024/01/anthropocene-c-est-la-fin-construisons-le-symbiocene.html

      Merci encore pour votre livre Bruno Duval, continuez ainsi, cela fera avancer les choses et il y a urgence.


 

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18 juin 2024 2 18 /06 /juin /2024 11:28

      C’est à plusieurs reprises que nous avons évoqué sur ce blog le Verger Conservatoire du Lycée Professionnel Agricole du Pays de Bray (Normandie) qui a pour objectif la sauvegarde et la valorisation de pommiers originaires ou représentatifs de ce territoire.

      C’est en 1987 que Fernand Bazerque découvrait les vestiges d’une collection de pommes et poires dans l’ancien potager du château de Merval (76) près de Gournay-en-Bray. Depuis, sous l’impulsion notamment de François Juguet, président de l’Association du Domaine de Merval, la collecte et la plantation ont permis de réunir 6 000 pommiers de 420 variétés, avec des arbres bien étiquetés et référencés, dont une moitié en pommes à cidre et une moitié en pommes à couteaux.

      Des donateurs, des mécènes et des collectivités territoriales ont apporté leur concours à la pérennité du Verger ! C’est surtout la Région Normandie qui a mis au point une logistique de sauvetage de la pomme, sous le nom de « Pommes à cidre et à jus » pour concourir à un financement de 140 000 € (Fonds européen Leader, Région et autofinancement). C’est depuis 2021 que les partenaires du Verger ont déterminé les variétés présélectionnées, suivies sur les plans agronomique et technologique à Merval et plus largement dans toute la Normandie. La présélection a donné lieu à une notation selon une analyse multicritère qui débouche sur des fiches variétales destinées aux producteurs et transformateurs afin de préciser la régularité, typicité et rusticité des variétés sélectionnées. D’ici septembre 2024, cette démarche va permettre de remettre à l’honneur les pommiers de Merval. En effet, après un gros travail mené par Hélène Jouve, responsable du Verger Conservatoire de Merval, avec le CTPS (Comité technique permanent de la sélection), un arrêté a été pris le 28 novembre 2023, avec parution au Journal Officiel, pour sélectionner 22 variétés présentes à Merval et versées en Collection Nationale. Ceci implique que le Conservatoire de Merval s’engage à conserver ces variétés et à répondre aux demandes des organismes intéressés. Avec cette reconnaissance, les pommiers de Merval acquièrent une plus grande visibilité aux niveaux national et européen, le Conservatoire va établir des relations plus suivies avec d’autres gestionnaires de collections et pourra bénéficier plus facilement de soutiens financiers. Voilà une belle reconnaissance du travail accompli depuis près de 40 ans, une belle reconnaissance des richesses du Pays de Bray et de la Normandie. Bravo aux acteurs !

     Sans citer les 22 variétés retenues, mentionnons quelques noms des plus poétiques : Grise dieppois, Jaunet de Gournay et Tête de Brebis pour les pommes à cidre ; Curé de Bray, Petit pigeonnet et Reinette Fardel pour les pommes à couteau. Régalez-vous !

     Rappelons-le, la pomme est originaire d’Asie centrale, arrivée avec la route de la soie chez les Arabes, les Grecs et les Romains pour s’implanter en Normandie via le Moyen Orient puis le Pays Basque. Avec ce renouveau dû au Verger Conservatoire de Merval, les Normands retrouvent l’odeur de leur pays qui était dans une pomme ! Et avec un bon coup de cidre… alors là, on retrouve la vraie Normandie !

 

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1 juin 2024 6 01 /06 /juin /2024 10:15

     La violence, en France et ailleurs, est devenue omniprésente, atteignant des fréquences et des intensités que l’on n’aurait jamais imaginé. Le crime est devenu une actualité quasi quotidienne. Au-delà de ces « dérives » à l’échelle des individus, voilà que les conflits entre Etats ou entre communautés se multiplient sur toute la planète, générant la peur chez la plupart d’entre nous et parfois stimulant la révolte de certains jeunes qui veulent défendre telle idéologie ou telle communauté menacées. Dans le même temps, des Etats se mobilisent, plutôt que pour tenter de calmer le jeu et retrouver la paix, pour négocier des ventes d’armes, accroître la fabrication de celles-ci et créer des ententes militaires pour ne pas être pris au dépourvu.

     Cela c’est le présent, mais que sera l’avenir proche avec ce qui nous attend en matière de dérèglement climatique et d’érosion de la biodiversité, d’autres formes de violence contre la nature cette fois. Soyons réalistes, ces données de notre futur proche ne sont pas des vues d’écolos hystériques ou d’alarmistes décérébrés, ce sont « simplement » la réalité qui prend de l’ampleur sous nos yeux, en « direct live » ! Les inondations, sécheresses, tempêtes se multiplient partout avec une ampleur inattendue. Les conséquences, hormis les destructions d’habitations ou d’entreprises et infrastructures, vont bientôt générer des famines dues aux baisses de productions alimentaires, des migrations dues aux catastrophes climatiques, autant dire de nouvelles violences et parfois des guerres. Comment surmonter toutes ces crises ?

      Il n’est pas impossible qu’un jour la nature fasse preuve, à son tour, de violence à l’encontre des humains qui l’ont tellement martyrisée. Ce sera alors la guerre de la nature contre les humains, espèce invasive. L’effondrement de notre civilisation n’est plus une vue de l’esprit mais une réalité qui va s’amplifier. On peut imaginer que divers cataclysmes effacent un jour les traces des humains, épargnant quelques survivants qui pourront réinventer une société plus clairvoyante et respectueuse de son milieu de vie. Pessimiste indécrottable, dites vous ? Je pense seulement être réaliste :

     - En France, après les inondations et coulées de boue de novembre 2023 et janvier 2024 dans le Nord et Pas-de-Calais, 304 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle, 710 personnes ont dû être évacuées et de nombreuses maisons sont devenues inhabitables.

     - Dans plusieurs pays du Golfe, et en particulier à Dubaï, le 16 avril 2024 il est tombé en 24 heures autant d’eau qu’en deux ans, soit 254 millimètres. Ces pluies torrentielles ont causé une trentaine de morts, inondé des centres commerciaux, effondré des routes et paralysé tout le pays.

     - Fin avril 2024, la Chine a connu des pluies diluviennes qui ont fait une quinzaine de morts, nécessité l’évacuation de 110 000 habitants de la province la plus peuplée, le Guangdong qui compte 127 millions d’habitants et des dizaines de milliers d’usines.

     - Le 26 avril 2024, en une seule journée, le centre des Etats-Unis a été frappé par 70 tornades provoquant des dégâts matériels considérables, des dizaines de bâtiments ont été détruits, de même que nombre d’habitations, des lignes électriques, et de nombreuses toitures se sont envolées. 47 millions d’Américains ont été concernés.

     Cette chronique sera sans doute la plus lugubre de mon blog. Mais réveillons-nous, regardons les choses en face et agissons ! Il est encore temps et n’oublions pas que toute décadence peut être aussi l’annonce d’un renouveau.

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16 mai 2024 4 16 /05 /mai /2024 07:54

     Cela devient une rengaine, le monde va mal. Le répéter, pourquoi pas, mais agir c’est mieux !

     Les années 2020-22 ont été la révélation que l’on sait, avec la pandémie, la guerre et le dérèglement climatique. Depuis, la prise de conscience n’a cessé de progresser et il n’y a quasiment plus une conversation où l’on ne fait pas allusion aux difficultés qui attendent nos successeurs… La population est très sensibilisée au défi climatique, cette prise de conscience commence à porter ses fruits avec des changements de comportement, même s’il reste beaucoup à faire. A cet égard il faut toutefois distinguer les attitudes du « peuple » de celles des « politiques ».

     Depuis 2023 notamment, les tempêtes, inondations, sécheresses, feux de forêts, etc. se sont multipliés avec des dégâts le plus souvent considérables. Globalement le climat implose plus vite que nous ne pouvons y faire face, avec des conséquences qui frappent toute la planète. Nous pouvons encore éviter le pire du chaos climatique, pour cela il faudrait prendre des mesures fortes, notamment en matière d’énergie. En France on fait à peu près le contraire, dans la mesure où le gouvernement réagit aux crises successives en réduisant les contraintes, comme récemment avec les agriculteurs pour essayer de contenir la grogne qui monte de toute part.

     Face à cette situation, quel est le ressenti des Français ? Le baromètre de l’ADEME apporte des réponses encourageantes à cet égard : 83 % des Français considèrent qu’en France nous avons « tendance à accorder trop d’importance à la consommation matérielle », mais ne se sentent pas forcément concernés eux-mêmes pour autant… et ne remettant pas toujours en cause leurs propres pratiques : l’usage de la voiture, la consommation de viande et le recours au transport aérien restent des sujets un peu « tabous ». En fait, les Français attendent un engagement collectif et la plupart pensent que le gouvernement devrait privilégier la protection de l’environnement à la croissance économique ! Face à cette situation, la jeune génération s’interroge sur son avenir : qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Quel métier vais-je exercer ? Comment va-t-on se nourrir ? En réponse à ces questions l’offre politique est largement déficiente, sans espérance alors que la jeunesse cumule les sujets d’angoisse comme cela ne s’est rarement produit. Selon les évolutions climatiques récentes, on peut en déduire qu’une personne née en 2020 va connaître sept fois plus de vagues de chaleur au cours de sa vie qu’une personne née en 1960.

     Pour surmonter cette crise de l’Humanité, il faut aller vers une bifurcation réelle, plutôt qu’une simple « transition écologique » et penser le progrès à l’échelle de la planète, avec de gros efforts de tous. La bifurcation écologique est une épopée collective, c’est la naissance d’un nouveau peuple, à l’échelle planétaire qui nécessite des investissements massifs et rapides des Etats. Notre Premier Ministre a appellé à un « sursaut d’autorité » concernant la violence chez les jeunes. Il n’a pas tort mais il devrait aussi appeler à un « sursaut de lucidité » chez les politiques ! L’avenir que préparent les politiques actuels pour la nouvelle génération est d’une grande violence et relève pour une part du délit de non-assistance à personne en danger. Plus que jamais il est grand temps, non pas de se replier sur son cocon, mais de s’ouvrir au monde de demain : n’oubliez pas de participer aux élections européennes du 9 juin prochain.

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2 mai 2024 4 02 /05 /mai /2024 08:25

     Une des obsessions de notre société est de produire toujours plus et donc… de consommer plus. Tout cela sans s’interroger sur les limites du système qui pourtant sont là, devant nous. L’avons-nous assez répété, changeons pour consommer moins et mieux, suite à quoi il faudra produire moins : ce dont nous avons besoin afin de garantir notre avenir. Facile à dire, mais comment résister au choix de produits qui nous est proposé, comment recentrer nos besoins, comment savoir si ce que nous achetons est sain, respectueux de notre environnement, fabriqué dans des conditions sociales acceptables, etc. Pas si simple ! Pourtant, bien des exemples d’évolution se multiplient.

     Les Français, jamais à une contradiction près, sont nombreux à penser que la surconsommation va mener à un effondrement de notre société, mais aussi qu’il faut se faire plaisir en consommant. Et c’est ainsi que, parfois, on achète des produits nocifs pour l’environnement, souvent en plastique, fabriqués à l’autre bout du monde, pas très utiles et que l’on retrouvera plus tard sous forme de déchets marins et pourquoi pas, de micro-particules dans l’eau « potable »… Cette ambiguïté de nos comportements ne s’explique pas seulement par des besoins, mais aussi par le désir de montrer quelle place on occupe dans la société. La consommation permet de montrer que l’on est conforme aux normes sociales, que l’on fréquente des magasins qui sont de plus en plus des lieux de vie. Mais tiens donc, on ne serait pas un peu conditionnés par hasard ?

     Mais que faire ? Puisque la sensibilité du public progresse à cet égard, ne faudrait-il pas commencer par simplifier et standardiser l’information sur la qualité des produits et leurs impacts. C’est ma proposition N° 44 de « Les clés de notre avenir » (Persée, 2020, 108 p.) : Au stade où nous en sommes, on peut se demander s’il ne faudrait pas, dans l’intérêt du consommateur, supprimer tous les labels. Les produits que l’on peut trouver sur le marché sont consommables ou pas. Si non ils doivent être retirés du marché et les producteurs pénalisés. Le consommateur peut choisir de ne pas acheter faute d’information claire. Par ailleurs les initiatives se multiplient, comme en Gironde où le collectif Acclimat’action s’est associé au département de la Gironde et la Ville de Bordeaux pour créer une caisse commune, une sorte de « sécurité sociale de l’alimentation » pour faciliter l’accès à la nourriture pour tous, y compris les plus pauvres. Les porteurs du projet visent à terme une cinquantaine de points de vente évalués selon plusieurs critères : juste rémunération des producteurs, provenance des aliments, pratiques agricoles durables, bien-être au travail…Plus près de chez nous, en Pays de Bray, un marché de 15 producteurs locaux, avec des produits de saison et respectueux de l’environnement repart à Avesnes-en-Bray (près de Gournay-en-Bray) le premier vendredi du mois. Ce marché permet au consommateur écoresponsable de faire son panier pour la semaine en un seul déplacement. Enfin, après la création d’une première AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) à Aubagne en 2001, voilà un projet identique qui émerge en Pays de Bray à Neufchâtel-en-Bray, avec le projet de pratiquer de l’économie solidaire sans intermédiaire entre producteur et consommateur de produits bio.

     Nous pouvons consommer mieux ! Nous en avons de plus en plus la possibilité, sans nous laisser attirer par les sirènes d’un business trompeur.

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19 avril 2024 5 19 /04 /avril /2024 08:38

     Les Français n’ont pas le moral, surtout les plus jeunes. Ils souffrent d’une angoisse grandissante devant un avenir très incertain. Après la pandémie de Covid et la distanciation sociale qu’elle a entraînée, est apparue la guerre imprévue en Ukraine, puis les annonces des climatologues alarmant sur l’évolution du climat, prévisions vérifiées depuis avec une augmentation généralisée des températures et des dérèglements à répétition. Des études récentes montrent que le nombre de dépressions chez les jeunes a pratiquement doublé depuis le premier confinement il y a quatre ans, et que les étudiants en proie à des idées suicidaires sont passés de 21 à 29 %. Les 11-24 ans sont les plus concernés, mal remis des confinements et angoissés par la guerre en Ukraine qui nous concerne de plus en plus et par l’incertitude sur leur avenir due, notamment, à l’urgence climatique trop peu prise en compte et remettant tout en cause. Les troubles commencent de plus en plus tôt et il n’est plus exceptionnel de constater des tentatives de suicide chez des enfants dès 11 ans. Aux « grandes causes » rappelées ci-dessus, il faut ajouter les situations familiales complexes et la surconsommation des écrans et réseaux sociaux qui contribuent à déstabiliser de nombreux jeunes et les renvoyer face à eux-mêmes, dans une solitude anxiogène, en perte de repères.

     Cette génération triste et anxieuse va arriver aux commandes sous peu. Les jeunes ne sont pas moins créatifs pour autant, bien au contraire. En reconstruisant leurs relations interindividuelles, ils peuvent inventer de nouveaux modes d’échanges et d’élaboration d’un avenir commun. En tirant les leçons des échecs d’un passé récent, ils vont pouvoir « refaire le monde », sachant qu’il n’y a pas d’alternative autre que tout refaire ou s’effondrer... Faute de tout changer, on irait vers encore plus de violence dans des sociétés traversées par des tensions face auxquelles les politiques se sont révélés impuissants. Nos sociétés françaises, européennes, occidentales sont au bord de la crise de nerf. Face aux conséquences des bouleversements récents la multiplication des aides en tous genres, parfois un peu démagogiques, n’a pas permis de réconcilier les Français avec l’État, tant ces fonds de secours sont complexes, parfois indéchiffrables, voire abusifs. Par ailleurs, depuis des décennies, nous pensions la guerre impensable, c’était une chose du passé ou pour les « sauvages d’autres pays »… Mais voilà que la guerre Russie-Ukraine est à nos portes. Notre président parle comme un « va-t-en-guerre » et des jeunes s’interrogent sur une prochaine obligation de prendre les armes. Quant au dérèglement climatique… il n’y a plus qu’à constater les dégâts dus à l’inaction qui persiste depuis 50 ans alors que nous savons que cela va arriver !

     Pour faire face aux défis qui nous attendent, il va falloir changer le monde. C’est vous les jeunes nés à partir de l'an 2000 qui allez le faire. Prenons bien la bonne voie : pas de violence, dialoguons mais sans traîner, il y a urgence ! Il faut reconstruire l’école, les mentalités, la démocratie, l’Europe, les relations internationales, l’économie, les écosystèmes, le climat... Le monde s’est fourvoyé, il faut le refaire ! Mais quel challenge unique pour une nouvelle génération !

Pour ma part, j’ai tenté d’ouvrir des voies pour aider à cette démarche : « A demain… si vous le voulez bien » – Persée, 2023.- 120 p.- 13€50.

Vite, Construisons le symbiocène !

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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 17:17

     Le terme agroécologie désigne un concept et une pratique dans lesquels les connaissances de l’écologie scientifique sont utilisées pour la production agricole. Ce terme a été utilisé pour la première fois par Basil Bensin, agronome américain, en 1928. Cette pratique a pris son essor surtout à partir de 1980 en Amérique latine. En France ce sont des écologues comme René Dumont, Pierre Rabhi ou Marc Dufumier, entre autres, qui ont initié ce mouvement dans les années 1970, pour un vrai développement après 2000. Le principe de base de l’agroécologie consiste à rétablir le lien entre agriculture et écologie afin de prendre soin de la terre pour la rendre productive par elle-même. La lenteur de sa mise en œuvre s’explique sans doute par notre conception intellectuelle ancestrale du monde qui sépare nature et culture. Mais les choses avancent et la Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt, adoptée en 2014, vise à promouvoir le développement des pratiques agroécologiques et l'introduit dans l'enseignement agricole.

     L’agroécologie amplifie les fonctionnalités offertes par les écosystèmes et simultanément vise à diminuer les pressions sur l’environnement, notamment réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires et préserver les ressources naturelles. Les écosystèmes subissant peu d’interventions humaines, comme les prairies permanentes par exemple, montrent une importante production de biomasse, une faible pullulation d’espèces indésirables, une faible érosion des sols, etc. L’agroécologie considère l’exploitation agricole dans son ensemble, elle diversifie les productions agricoles et restaure une mosaïque paysagère diversifiée, tout ceci en fonction des spécificités du territoire : sols et climat, tissu socio-économique et objectifs de qualité de vie. Pour ce faire elle s’applique à deux niveaux d’organisation : la parcelle agricole et l’ensemble du territoire en cohérence. Elle se propose d’assurer la production agricole, en réduisant l’utilisation des intrants et en préservant les sols et l’eau. Ceci passe par diverses techniques afin de réguler les maladies et ravageurs à l’aide de leurs prédateurs naturels (oiseaux, insectes), en favorisant la biodiversité dans les espaces cultivés, en diversifiant les cultures et en réduisant l’usage des intrants. Entre autres exemples de pratiques, on peut citer le fait de conserver ou recréer des éléments semi-naturels comme les haies ou fossés, en proximité des parcelles agricoles afin d’héberger une faune sauvage diversifiée de pollinisateurs. La diversification des cultures contribue aussi à favoriser les fonctions écologiques.

     En Normandie, par exemple la Ferme biologique du Bec Hellouin est une microferme expérimentale fonctionnant selon ces principes, créée en 2006 par Perrine et Charles Hervé-Gruyer. La ferme produit des légumes et des fruits, du jus de pomme, des sirops et confitures, des plantes aromatiques et médicinales et du pain, en vente sur place. La production maraîchère de la ferme est plusieurs fois supérieure à la moyenne nationale en agriculture mécanisée, par unité de surface, pratiquement sans recours aux énergies fossiles.  

     L’agriculture doit se réinventer, voilà une bonne piste pour le faire !

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