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  • : Le blog de Michel Lerond
  • : Libre opinion sur les questions d'actualité en environnement et développement soutenable
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  • Michel Lerond
  • Ecologue et essayiste. Dans notre pratique professionnelle, nous avons pu contribuer, notamment, à un meilleur accès à l’information sur l'environnement.

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27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 09:41

     Depuis 30 ou 40 ans, beaucoup d’efforts ont été faits pour préserver les espaces naturels en Europe, mais cela n’a pas suffit à inverser l’érosion de la biodiversité. Virginijus Sinkevicius, Commissaire Européen à l’Environnement affirmait le 22 juin dernier que 81 % des habitats naturels européens sont en mauvais état, c’est la motivation d’un projet de règlement qui vise à la restauration de la nature en Europe, afin de réparer les dommages constatés. Ce texte qui sera discuté prévoit des mesures contraignantes de restauration des écosystèmes, en particulier les forêts, prairies et espaces maritimes dégradés par la pollution, les pesticides et engrais ou l’exploitation intensive des sols. La réglementation qui devrait émerger de cette démarche prévoit que des mesures de restauration soient mises en place sur 20 % des zones endommagées d’ici 2030 et sur tous les écosystèmes qui en ont besoin, d’ici 2050.

     Sept objectifs précis et ambitieux sont proposés pour inverser le déclin des pollinisateurs, augmenter les espaces verts urbains, augmenter la biodiversité des papillons et oiseaux dans les systèmes agricoles, restaurer des tourbières drainées, augmenter globalement la biodiversité des forêts, restaurer les habitats marins et supprimer les obstacles présents sur les cours pour rendre le courant libre. Vaste programme ! Souhaitons qu’il puisse se réaliser effectivement, car s’il est ambitieux, il reste néanmoins assez modeste par rapport à l’ampleur des problèmes posés. L’Europe prévoit 100 milliards de budget pour la restauration de la biodiversité. Cet investissement peut être rentabilisé dans la mesure où les interventions prévues peuvent prévenir l’érosion des sols et des inondation et renforcer la sécurité alimentaire.

     n complément de cette feuille de route, la Commission européenne prévoit de nouvelles règles pour l’utilisation des pesticides dont l’utilisation devrait être réduite de 50 % d’ici 2030 et interdite dans les zones sensibles telles que les espaces verts urbains, les sites Natura 2000 et toute zone à protéger en raison de la présence de pollinisateurs. Les agriculteurs devront recourir à des « méthodes alternatives écologiques » afin d’améliorer la sécurité alimentaire et de préserver les pollinisateurs dont dépend une grande partie de notre alimentation. Voilà bien des discussions et controverses en perspective, mais espérons !

     Pour sa part, la Région Normandie dans le cadre de sa stratégie «  Territoire Durable 2030 » tend à oeuvrer en faveur d’une stratégie globale et cohérente de développement prenant en compte l’énergie, l’environnement, le développement durable, l’économie circulaire, l’éducation au développement durable et la mobilité durable. Cette politique est accompagnée d’un dispositif de suivi et de valorisation conduit par l’ANBDD (Agence Normande de la Biodiversité et le Développement Durable) en intégrant au maximum les EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale).

     Voilà bien des initiatives réconfortantes pour l’avenir. Souhaitons leur tout le succès possible !

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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 08:20

          Le printemps 2022 aura été riche en surprises (quoi que…) de toutes sortes, et notamment sur les plans climatiques et démocratiques. Le climat est entré pour de bon en dérèglement, avec canicules fortes et prématurées, sécheresses, incendies et orages dévastateurs… La démocratie a été secouée avec la montée en puissance des extrêmes et surtout de l’abstention aux récentes élections législatives. Ces évènements ont suscité moult commentaires et souvent on a entendu cette expression fataliste : « C’est comme çà ». C’est comme si, devant cette fatalité, on était impuissants et devions subir en silence.

          Eh bien non ! Si c’est comme çà, ce n’est de la faute que des autres, des riches, des politiques, des journalistes, des trusts internationaux, etc. Si c’est comme çà, c’est le fait de nous tous, tous les autres, mais aussi vous et moi. Concernant le climat, on le répète depuis des décennies à des malentendants qui découvrent maintenant que le dérèglement climatique est bien là, qu’il peut faire mal et pas seulement loin de chez nous. Quand les grêlons traversent la toiture et le plafond de sa maison qui se trouve ainsi hors d’usage… on se sent concerné. A propos de la démocratie, on répète depuis des décennies à des abstentionnistes qu’il faut voter pour éviter la montée des extrêmes. Quand certains départements ne compte plus que des députés extrémistes qui veulent bannir toute immigration et se replier sur sa petite nation… on sent comme un renvoi de chacun dans sa grotte. Le point commun à ces deux problématiques est bien le déni, la fuite des responsabilités et le refus de se projeter dans l’avenir. Alors réveillons nous tous ! En Europe, en 2022, environ 800 000 ha de forêts ont brûlé, dont 50 000 en France, du fait d’imprudences ou de délits certes, mais surtout parce qu’il a fait plus de 40° en certains endroits avec une sécheresse exceptionnelle, en relation avec le dérèglement du climat. Face à cette situation, la plupart des politiques sont restés grandement concentrés sur le pouvoir d’achat et la consommation… Quant aux médias, ils ont relaté les incendies en posant des questions relatives à l’aménagement des forêts qui seraient mal entretenues et pas assez propres ou au mieux sur l’adaptation au nouveau climat… Mais quel silence sur les mesures à prendre pour tenter d’enrayer le phénomène ou au moins de le ralentir, en s’attaquant aux causes ! Pour leur part les politiques ont bien évité cette question qui fâche !

          On sait depuis des décennies que ces phénomènes climatiques risquaient de se produire, la seule surprise c’est qu’ils arrivent plus tôt que prévu ! Il est temps, grand temps de réagir en prenant les bonnes décisions pour les politiques, en les expliquant pour les journalistes, en les acceptant pour le peuple, nous. Pour cela, il nous faut moins d’avions, de voitures, de viande et plus de sobriété, avec sans doute des quotas de déplacements. Tout cela doit concerner tout le monde, dans tous les secteurs. L’État doit donner l’impulsion, le cadre légal, simple et compréhensible, relayé pour l’action par les collectivités territoriales et les entreprises. Les actions individuelles doivent compléter les actions collectives, en harmonie et dans le respect de la démocratie.

          Nous sommes maintenant dans l’urgence ! Que les politiques et journalistes qui se refusent à bifurquer sachent que les jeunes générations s’impatientent et qu’un jour, sans doute pas si lointain, la révolte qui gronde pourrait bien s’exprimer ouvertement...

 

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10 août 2022 3 10 /08 /août /2022 08:32

A AURORE

PAR GEORGES SAND

La nature est tout ce qu’on voit,

Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.

Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,

Tout ce que l’on sent en soi-même.

 

Elle est belle pour qui la voit,

Elle est bonne à celui qui l’aime,

Elle est juste quand on y croit

Et qu’on la respecte en soi-même.

 

Regarde le ciel, il te voit,

Embrasse la terre, elle t’aime.

La vérité c’est ce qu’on croit

En la nature c’est toi-même.


 

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6 août 2022 6 06 /08 /août /2022 08:40

CORRESPONDANCES

PAR CHARLES BAUDELAIRE

La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,

Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,

Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.


 

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29 juillet 2022 5 29 /07 /juillet /2022 14:33

ROSES DE JUIN, VOUS LES PLUS BELLES

PAR EMILE VERHAEREN

Roses de juin, vous les plus belles,
Avec vos coeurs de soleil transpercés ;
Roses violentes et tranquilles, et telles
Qu’un vol léger d’oiseaux sur les branches posés ;
Roses de Juin et de Juillet, droites et neuves,
Bouches, baisers qui tout à coup s’émeuvent
Ou s’apaisent, au va-et-vient du vent,
Caresse d’ombre et d’or, sur le jardin mouvant ;
Roses d’ardeur muette et de volonté douce,
Roses de volupté en vos gaines de mousse,
Vous qui passez les jours du plein été
A vous aimer, dans la clarté ;
Roses vives, fraîches, magnifiques, toutes nos roses
Oh ! que pareils à vous nos multiples désirs,
Dans la chère fatigue ou le tremblant plaisir
S’entr’aiment, s’exaltent et se reposent !

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23 juillet 2022 6 23 /07 /juillet /2022 08:39

VICTIME 

PAR KAMAL ZERDOUMI

Notre Terre
corps meurtri fait
de beauté défigurée
et de la poussière de nos morts
d’arbres abattus
exécutés dans les forets
d’où fuit le chant de l’oiseau
étouffé par les tronçonneuses
d’hémorragies de pétrole
et d’océans en deuil
de requins à la dérive
qui rougissent le silence
des eaux
Notre Terre
à l’air irrespirable
dans le poison des villes
à la nature inaccessible
comme un rêve lointain
que le citadin amnésique
n’ose plus faire
Notre Terre
que l’orgueil luciférien
transforme en enfer

 

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16 juillet 2022 6 16 /07 /juillet /2022 07:23

          Devant tant de défis à relever, tant de raisons d’angoisser, la pause de l’été est là ! Profitons-en pour décompresser et retrouver un essentiel comme la poésie :

L’AMOUR DE LA CAMPAGNE 
PAR FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND
 

Que de ces prés l’émail plaît à mon coeur !
Que de ces bois l’ombrage m’intéresse !
Quand je quittai cette onde enchanteresse,
L’hiver régnait dans toute sa fureur.
Et cependant mes yeux demandaient ce rivage ;
Et cependant d’ennuis, de chagrins dévoré,
Au milieu des palais, d’hommes froids entouré,
Je regrettais partout mes amis du village.
Mais le printemps me rend mes champs et mes beaux jours.
Vous m’allez voir encore, ô verdoyantes plaines !
Assis nonchalamment auprès de vos fontaines,
Un Tibulle à la main, me nourrissant d’amours.
Fleuve de ces vallons, là, suivant tes détours,
J’irai seul et content gravir ce mont paisible
Souvent tu me verras, inquiet et sensible,
Arrêté sur tes bords en regardant ton cours.
J’y veux terminer ma carrière ;
Rentré dans la nuit des tombeaux,
Mon ombre, encore tranquille et solitaire,
Dans les forêts cherchera le repos.
Au séjour des grandeurs mon nom mourra sans gloire,
Mais il vivra longtemps sous les toits de roseaux,
Mais d’âge en âge en gardant leurs troupeaux,
Des bergers attendris feront ma courte histoire :
« Notre ami, diront-ils, naquit sous ce berceau ;
Il commença sa vie à l’ombre de ces chênes ;
Il la passa couché près de cette eau,
Et sous les fleurs sa tombe est dans ces plaines. »

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9 juillet 2022 6 09 /07 /juillet /2022 08:16

Réorienter la gouvernance.

          L’enjeu est donc d’abord de convaincre de la réalité de la crise profonde à laquelle nous sommes confrontés, face à un aveuglement qui persiste chez certains. Si de plus en plus de personnes sont conscientes du dérèglement du climat, bien peu sans doute admettent la relation avec nos modes de vie et notre implication personnelle, préférant faire l’autruche devant des défis qui nous dépassent. On imagine des solutions, mais que devient alors l’économie, et notre pouvoir d’achat, et nos libertés ? Nous allons en effet devoir affronter les évolutions climatiques avec leurs conséquences sur notre vie quotidienne, notre agriculture et donc notre alimentation ; l’érosion de la biodiversité et le développement potentiel de pandémies qui y sont liées ; et accessoirement l’explosion du numérique et de l’intelligence artificielle qui nous apportent beaucoup mais déshumanisent nos sociétés. Ne rêvons pas, il y aura des restrictions indispensables de nos consommations. Ces défis sont immenses, redoutables, mais aussi enthousiasmants puisqu’il s’agit d’assurer la survie de notre espèce en trouvant d’urgence des solutions pour stopper cette menace imminente à laquelle nos sociétés ne sont pas préparées. Il faut réinventer le monde, en peu de temps, avec un esprit de solidarité et de partage. Cela nous concerne tous, collectivement et individuellement, vous et moi. Pour refaire le monde, il va falloir imaginer un nouvel art de gouverner.

La question fondamentale pour les prochaines décennies, ou même les prochaines années, va être celle du « comment faire » sur les plans écologique, démographique et démocratique. Pour chacun de ces cas il y a urgence face à la dégradation de notre milieu de vie biologique, le nombre trop important de consommateurs sur la Terre et la gestion difficile de sociétés contraintes à des restrictions de toutes sortes. Cette transition va devoir reposer sur des mesures d’atténuation pour limiter l’impact des déséquilibres écologiques, stabiliser la population terrestre et calmer les colères sociales. Mais il faudra aussi des mesures d’adaptation face à des dérèglements, en particulier climatiques, qui vont demander des décennies, au moins, pour retrouver un équilibre.

La transition à opérer va donc être double afin de vivre dans la sobriété et avec des activités résilientes pour affronter les crises et évènements violents comme les catastrophes climatiques qui vont s’amplifier, les migrations de population qui vont prendre de l’importance et les colères sociales de populations refusant les restrictions. Il faut donc inventer une nouvelle gouvernance, ce qui signifie d’abord formation des élus et de toute la fonction publique pour mieux appréhender les connaissances de base, de façon globale et transversale et non plus segmentée, mais aussi information du public. Les décisions doivent suivre, par exemple, pour abaisser la vitesse sur les routes, interdire certains transports par camions, interdire la vente de produits polluants etc. C’est un changement civilisationnel qui est à opérer, avec beaucoup de tact. Cela inquiète de plus en plus, les jeunes en particulier, mais il y a urgence. C’est maintenant où jamais qu’il faut y aller, sinon c’est ensemble que l’on va casser la baraque ! Un espoir : le 28 juin dernier, les dirigeants du G7 ont annoncé la création d’un « club climatique » afin de coordonner et renforcer la lutte contre le changement climatique. Foutaise démagogique ou réelle prise de conscience ? Que les vacances nous permettent de réfléchir à notre avenir !

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2 juillet 2022 6 02 /07 /juillet /2022 09:19

Rappels sur le contexte :

         La contestation des jeunes monte en réaction à un monde qu’ils refusent. Certes le refus de la société par les jeunes n’est pas nouveau, mais le contexte a tant changé en si peu de temps… Si les évolutions du climat inquiètent un certain nombre d’entre nous, beaucoup cependant se rassurent en pensant que la technologie va apporter des solutions pour résoudre le problème. Certes la science a montré qu’elle peut faire progresser l’Humanité, mais le pourra-t-elle indéfiniment alors que les consommations de toutes sortes n’en finissent pas de croître par rapport à des ressources limitées, notamment en matière d’énergie. Nombreux sont les exemples de fausses bonnes idées technologiques, comme la « voiture nucléaire » ou les agrocarburants, dont le processus complet de fabrication a été mal évalué, et qui en fait empirent la situation en déplaçant le problème. Beaucoup de décideurs et d’entrepreneurs, animés d’un optimiste naïf, se disent « Lançons-nous et on verra bien ». Eh bien on voit !

Pour ne retenir que quelques exemples des dérèglements climatiques auxquels nous sommes déjà confrontés, regardons du côté de l ‘Amérique du Nord où les méga-sécheresses ont commencé, « agrémentées » de méga-feux. La période 2000-2021 a été la plus sèche depuis l’an 800. Plus au sud, le Chili se prépare à un rationnement de l’eau du fait d’un déficit pluviométrique récurent depuis 12 ans avec un record de - 71 % en 2021 ! Au Pakistan et en Inde on a connu des températures de 49 et 50°. Et puis en Afrique : il est à craindre que les médias aient omis de nous informer qu’en Afrique de l’Est, du fait de l’incidence des sécheresses sur les cultures en 2022, 23 millions de personnes sont en situation de « faim extrême » en Ethiopie, Kenya et Somalie. Tout cela est bien loin de chez nous… oui, mais. L’Europe a connu en 2021 l’été le plus chaud de son histoire, marqué par des canicules intenses (48,8° en Sicile, 47° en Espagne) qui ont été à l’origine d’incendies en Italie, Grèce ou Turquie, soit 800 000 hectares partis en fumée en 2021. En France aussi on connaît des sécheresses historiques et des canicules comme en 2019 où l’on a enregistré 42,5° à Montpellier et 45° dans le Vaucluse et le Gard. En 2022 le printemps a connu un déficit de précipitations de 45 % par rapport à la normale et le mois de mai a été le plus chaud jamais enregistré.

En cas de catastrophes, les réformettes ne suffisent pas, il faut engager des changements importants, des bouleversements aux impacts sociaux forts et donc mal acceptés. Les catastrophes peuvent toutefois avoir des vertus pédagogiques et il semble bien que l’on ait enfin compris que l’on ne peut plus ne pas respecter la nature. Les dérèglements climatiques et les pandémies nous ont enfin réveillés. Née il y a 150 ans la science écologie a été depuis un demi siècle très (trop?) politisée. Maintenant on sait qu’elle est le fondement de notre existence, elle nous a appris que nous faisons partie de la nature. Avec un peu moins de sectarisme et d’approximations, on aurait sans doute pu aller un peu plus vite, mais retenons que nous sommes devant le plus grand défi de l’Humanité et que nous l’avons compris. Il ne reste plus qu’à l’admettre et trouver des solutions pour relever ce défi… pour survivre !

A suivre : 3 - Réorienter la gouvernance

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24 juin 2022 5 24 /06 /juin /2022 07:59

Les jeunes réagissent

          En avril 2022, lors de la cérémonie de remise de leurs diplômes d’ingénieurs agronomes, huit étudiants d’AgroParisTech ont appelé à déserter l’agro-industrie, et à « bifurquer » en dénonçant une « formation qui pousse à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours ». Les médias et les réseaux sociaux ont largement relayé l’information et la vidéo de cette intervention, diffusée en mai, a été vue 12 millions de fois !! ce qui signifie, à n’en pas douter, que cette manifestation répond à une attente immense de la société qui n’est pas dupe des politiques hypocrites qui pratiquent le greenwashing plutôt que de s’attaquer pour de bon aux problèmes environnementaux… Cette « anecdote » traduit en fait une lame de fond qui déferle sur la plupart des grandes écoles. De nombreux étudiants désormais, refusent de travailler dans des entreprises qui ne prennent pas en compte les enjeux écologiques. Comme l’a déclaré un étudiant : « Les futures élites intellectuelles disent stop ».

En 2018 déjà des milliers d’étudiants de Polytechnique, HEC et autres, avaient signé l’appel du collectif « Pour un réveil écologique » pour faire pression sur les grandes écoles et entreprises qui n’ont pas opté pour une politique à la hauteur des enjeux environnementaux. Quelques entreprises ont entendu cet appel, le considérant comme un signal à prendre en compte, faute de quoi elles pourraient perdre des viviers de talents. En effet, certains de ces jeunes contestataires ont décidé d’abandonner leurs titres récents d’ingénieurs pour des choix de vie engagée en se consacrant à l’apiculture, l’agriculture vivrière ou l’arboriculture… La dissonance est trop forte entre des formations conventionnelles et des aspirations à une vie plus authentique et respectueuse de l’environnement, c’est pourquoi ces hommes et ces femmes ont choisi de bifurquer ! Voilà bien le cri d’une jeunesse qui rejette le système actuel, un cri que l’on ne peut pas ne pas entendre, un cri d’espoir sans doute ! En tous cas, c’est un sacré avertissement pour les obsédés de la croissance à tout va… Ces jeunes veulent changer les comportements des entreprises, mais aussi les formations qui sont souvent en décalage complet avec l’état actuel du monde. Tous les cursus de formation doivent intégrer les enjeux écologiques, nous l’avons assez répété depuis des années : propositions 71 à 74 de « Les clés de notre avenir ».

Nous avons ouvert cette chronique en mentionnant AgroParisTech, une de nos grandes écoles, mais des constats identiques peuvent être faits aussi chez les jeunes de certains lycées agricoles qui s’interrogent sur leur façon de participer à l’histoire de leur territoire en respectant l’environnement. Nous sommes sans doute à un moment charnière de l’histoire de notre société. L’espoir est là, ne gâchons pas cette chance.

A suivre : 2 - Rappels sur le contexte

                3 - Réorienter la gouvernance

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